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    Prologue

    Il existe dans notre monde un Grand Gardien qui a le devoirs de protéger l'harmonie entre les humains, les animaux, et l'environnement. Malgré ses pouvoirs, il ne pouvait agir qu'à un seul endroit à la fois. C'est pourquoi, grâce à sa puissante magie, il donna à plusieurs de ses plus fidèles amis des pouvoirs qui en firent à leur tour des gardiens. Les enfants qu'ils engendrèrent étant eux aussi dotés de pouvoirs, étaient chargés de prendre la relève. Ces gardiens avaient tous une tâche semblable à la sienne, mais quelque peu différente, étant donné qu'ils étaient séparés en trois groupes ; les protecteurs de l'harmonie Humains-Animaux, ceux de l'harmonie Humains-Environnement, et ceux protégeant l'harmonie Animaux-Environnement. Autrement dit, la H-A, la H-E et la A-E. Cependant, les harmonies Humains-Animaux et Humains-Environnement étaient beaucoup trop souvent mises à l'épreuve, en grande partie à cause de l'homme. La plupart des gardiens chargés de leur protection sombrèrent dans la folie, endurant d'immenses douleurs à chaque fois que leurs harmonies elles-mêmes souffraient, à cause de ce qu'on appelait des Infractions. Ceux qui sombrèrent furent appelés les Spectres, car on dit qu'ils perdirent leur âme. Ils éliminèrent alors chaque individu responsable de leur souffrance, en grande partie les homme, se nourrissant de leur âme pour ainsi être soulagés et paisibles, jusqu'à la prochaine infraction. Réalisant bien tard ce qui se produisait, le Grand Gardiens chargea les gardiens protecteurs restant de ces deux harmonie d'éliminer leurs semblables ayant sombré dans la folie.

    Je m'appelle Hayden, dix-sept ans, et je suis moi-même un gardien de l'harmonie Humains-Animaux. Je vis avec mon ami Stann dans le quartier du Loop, au centre de Chicago, dans Madison Street. Stann est un gardien de la même harmonie que moi. Nous nous connaissons depuis tellement longtemps que je ne saurais dire à quelle époque remontent les souvenirs les plus anciens que nous partageons. Stann est le genre de personne qui déborde d'une telle joie de vivre que celle-ci déteint obligatoirement sur vous en à peine quelques minutes passée en sa présence. Cela fait maintenant trois ans que nous vivons à Chicago, depuis que tous les gardiens avaient pour mission l'élimination des spectres en fait... Nous aurions préféré vivre à New-York, ou encore Los Angeles, mais le Grand Gardien nous a assigné Chicago, et on ne discute surtout pas les ordres.. Mais bon, Chicago c'est pas si mal, nous y avons trouvé notre place, tout en faisant preuve de discrétion à l'égard des humains. Ils sont si peu ouvert d'esprit que la moindre erreur de notre part, aussi minime soit-elle, pourrait nous coûter très chère.. Revenons-en à Chicago. Ce qui est extraordinaire avec cette ville, c'est la possibilité d'y circuler grâce à d’innombrables lignes de métro ! Mais ce qui est encore mieux, c'est sa position aux États-Unis, dans l’État de l'Illinois, plus précisément au bord du Lac Michigan. Madison Street nous offre une magnifique vue de ce vaste lac, mais elle nous en offre une bien meilleure sur le Millennium Park, qui sépare le Loop du Lac Michigan, c'est d'ailleurs ici que tout a commencé...


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  • Aller viens on part à la chasse ! me lança Stann avec l’inconditionnel enthousiasme qui l'accompagnait à chaque fois que nous faisions notre ronde du soir.

    J'avais toujours du mal à comprendre la facilité qu'il avait d'accepter que l'on tue des spectres qui avaient eux-mêmes été nos semblables. C'est vrai, ils avaient été comme nous avant de sombrer dans la folie, ce qui signifie que nous pourrions très bien subir le même sort qu'eux à tout moment. Je pensais souvent à cela ; j'étais moi-même parfois tellement horrifié et déçu par le comportement des hommes que j'avais parfois envie d'abandonner. Ce qui me différenciait des spectres, c'est que je n'avais pas sombré dans la folie, et je n'avais pas des envies de meurtres. Même eux, je détestais devoir les tuer.

    Nous avons donc suivi Madison Street puis traverser Michigan Avenue pour ensuite entrer dans le Millennium Park. Il faisait noir, tels étaient les soirs d'hivers à Chicago, même s'il n'avait pas encore neigé, mis à part les quelques averses de flocons qui ne s'accrochaient même pas au sol et finissaient en flaques boue froides, marrons et dégoûtantes sur lesquelles nous glissions tout le temps. Il ne faisait cependant pas si froid qu'on pourrait bien le croire, même si grâce à nos pouvoirs nous pouvions nous habituer facilement au changement climatique, et d'autres choses encore.

    Sérieux, tu crois que les Spectres ont vraiment perdu leur âme ?

    Telle était la question que me posait Stann depuis trois jours, sûrement à cause du fait que je ne lui donne jamais vraiment de réponse. Le Grand Gardiens nous avait pourtant toujours affirmé qu'ils n'en avaient plus, que leur souffrance était tellement grande que quelque chose s'était déclenché en eux, leur haine avait prit le dessus sur tout ce qui les constituait, et avaient sombré dans le néant. Il ne restait plus rien de ce qu'ils avaient été. J'avais cependant toujours eu du mal à y croire. Peut-on vraiment perdre son âme, et ne plus ressentir quoi que ce soit ? Pour ce qui était des sentiments, les seuls qu'ils ressentaient étaient la haine et la tristesse, la souffrance n'étant pas vraiment un sentiment. Mais le fait qu'ils puissent éprouver de la tristesse et de la haine faisait ressortir en eux une part d'humanité qui était encore belle et bien là. N'y avait-il pas un moyen pour les sauver ? Ne pouvions nous pas faire quelque chose pour qu'ils ressentent de nouveau de la joie, ou tout autre sentiment positif ?

    Resurgissant de ma pensée, je me suis aperçu que Stann attendait toujours que je lui donne une réponse, qui n'arriverait pas, du mois, pas ce soir, et il le savait.

    Un chien a aboyé, rompant le silence qui régnait depuis la question de mon ami. Puis un homme a crié, ce qui nous a immédiatement alertés.

    Ferme-la je t'ai dis ! dit l'homme en frappant probablement son chien qui venait de pimer.

    Une Infraction. Stann me regarda, attendant un instant, le temps de réfléchir à la mesure qu'il fallait prendre, puis il me fit part de son idée.

    Vas voir ce qu'il se passe, si nous y allons tous les deux, nous raterons sûrement l'arrivée probable de spectres.

    D'accord, fais-toi discret, si les spectres nous remarquent, on ne sait pas comment ils peuvent réagir, lui dis-je en m'éloignant vers le son de la voix de l'homme qui criait et frappait toujours son chien.

    J'étais arrivé à une dizaine de mètres du point d'Infraction quand les cris se turent. Ralentissant et me cachant pour mieux observer la scène, je vis l'un de ces fameux spectres avancer lentement vers l'homme qui paraissait horrifié, ce qui était probablement le cas. Je commençai à me lever quand le spectre tournant précipitamment la tête vers moi.

    Une fille. C'était une fille. Elle me regardait de ses yeux d'un bleu tellement pétillant de vie, et à la fois si vide. Ses cheveux blonds, malgré la présence d'un léger vent, ne bougeaient pas, comme s'il passait à travers elle. C'est à ce moment que je me suis aperçu qu'elle était presque translucide, voyant la lumière d'un lampadaire derrière elle percer son corps. Sa robe blanche, qui laissait apparaître ses épaules et ses jambes à partir de ses genoux, l'était quasiment moins que sa peau, d'une pâleur à glacer le sang, comme son regard qui, venant de m'en rendre compte, m'avait paralysé. Je crus voir ses lèvres bouger malgré la distance, comme si elle s'adressait à moi. Je n'entendis cependant rien. Jusqu'à ce qu'un chuchotement résonne près de moi.

    Surtout ne fais rien, laisse moi agir, il ne mérite pas de vivre, entendis-je.

    Je compris qu'il s'agissait de sa voix, de ce qu'elle avait dit quand j'ai pensé voir sa bouche s'animer, comme si ses paroles avaient été portées par le vent jusqu'à moi. Tout ce que je savais sur les spectres venait d'être remis en question. On nous avait dit lors de notre formation en tant que gardien qu'ils ne pouvait plus parler, que leur regard ne fixait que du vide, comme s'ils ne pouvaient plus nous voir même si c'était encore le cas car nous même ne devions pas les regarder, au risque de sombrer dans le néant, submergé par ce qui se lisait dans leur yeux.

    Or, je venais de la regarder et j'étais encore moi-même, malgré le malaise qui c'était installé en moi après avoir entendu le son de sa voix, à cette fille, un spectre. Je ne saurai dire pour quelle raison je l'ai écouté, restant finalement à ma place, observant la suite.

    L'homme, toujours effrayé, lâcha la laisse de son chien, un labrador couleur sable, et s’apprêta à fuir lorsque la fille récemment apparue lui barra la route, se tenant juste devant lui avec une telle haine qu'elle se voyait sur les traits de son visage. L'homme ne broncha pas. D'une main tendue vers lui, et sans même le toucher, elle réussit à lui infliger une telle douleur que l'homme, tordu en deux, tomba au sol. Elle tendu sa deuxième main vers lui, et là, ce que je n'aurais jamais crus voir un jour se déroula sous mes yeux. Une sorte d'ombre sorti du corps de l'homme, toujours à terre mais maintenant immobile, elle lui prenait son âme ! Une fois sortie de son corps, l'âme de l'homme qui était maintenant mort entra dans le corps de celle qui lui avait enlevé. Il se produisit alors quelque chose d'étrange ; le corps de la fille auparavant translucide reprenait de la matière, sa peau prenait une teinte plus rose, et ses cheveux devinrent blonds or, elle reprenait vie.

    Une fois que ce phénomène extraordinaire eu prit fin, elle se tourna de nouveau vers moi, et me chuchota à nouveau quelque chose, dont le vent allait probablement me faire part.

    Merci, souffla-t-elle.

    Puis elle disparue.


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  • Je restais là, sans bouger, me repassant en boucle ce qui venait de se produire, sans comprendre néanmoins. Et si les spectres n'étaient pas tous pareils ? S'il y avait différents stades par lesquels ils passaient avant d'être véritablement considérés comme tel ? Tout était flou, des nœuds se formaient dans ma tête et plus j'essayais de les démêler, plus il y en avait. 

    Son visage me revint brusquement en mémoire comme un flash soudain. Des yeux bleus si éclatant, tels que je n'en n'avais encore jamais vu. Sa chevelure blonde et sans vie dans un premier temps, puis éclatante aux reflets dorés ensuite. Sa peau si claire, si pâle, et après si lumineuse. Elle était belle et bien vivante, du moins, elle m'avait semblé l'être.

    Alors t'as vu quelque chose ?

    Stann me sortit si brusquement de ma pensée que j'en sursautai. Il m'avait rejoint, probablement parce qu'il n'avait pas reçu de signe de ma part. Il attendu que je réponde, me regardant comme s'il ne me connaissait pas. Il tourna la tête en direction du corps de l'homme, le chien avait lui aussi disparut.

    Non, je suis arrivé trop tard, mentis-je.

    Ces monstres assoiffés d'âmes ne perdent pas de temps, dit-il avec mépris, pensant à haute voix.

    Dis, hésitai-je, tu crois que les spectres sont tous pareils ? Ou qu'il peut y avoir tout un processus qui les transforment en spectre ?

    Moi je pense qu'une Infraction produite après tant d'autres peut être la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, qui les a fait complètement disjoncter, et ils sont devenus des monstres. Te prends pas la tête avec ça, nous on les tue et c'est tout, me lança-t-il, l'air agacé, comme si mon questionnement résultait d'un caprice d'enfant gâté.

    Mon attention se reporta de nouveau sur le corps de l'homme, me remémorant la façon dont elle l'avait vidé de son âme, une scène à laquelle je n'avais jamais pensé assister.

    J'imagine que c'est moi qui vais m'en charger ?

    Oui vas-y, je t'en pris, lui répondis-je, dirigeant un geste de main vers l'homme étendu pour lui faire comprendre que je ne voulais pas m'en charger.

    Il se dirigea vers le corps, et entama la procédure habituelle concernant les corps vidés ; voilà comment on les appelait. Une fois arrivé aux pieds de l'homme, il l'observa. L'amertume se lisait sur ses traits, comme à chaque fois qu'il voyait une personne morte ayant commis une Infraction. Il m'était difficile de comprendre ce qu'il ressentait dans un moment pareil à celui-là. Il détestait les auteurs d'Infractions, et encore plus les spectres. Pourtant, ces derniers ne « vivent » que pour tuer les responsables des Infractions, donc il devrait en quelque sorte être d'accord avec eux. C'était pourtant loin d'être le cas, il les détestait autant les uns que les autres. C'était peut-être moi qui pensait cela, après tout, n'était-ce pas une meilleure solution de leur enlever leur âme ? Non pas que je sois pour. Mais nous pourrons faire tous les efforts possibles et imaginables, l'homme ne changera jamais, il se croira toujours supérieurs aux autres êtres vivants qui l'entourent, et exprimera irrévocablement le besoin de les dominer.

    L'apparition de la sphère bleue dans la paume de Stann me ramena à l'instant présent. Il s'agenouilla près de l'homme, et déposa la pelote de lumière bleue sur sa poitrine. Celle-ci pénétra aussitôt dans son corps. Il se mit à scintiller du même éclat bleu de la sphère, puis le corps disparut.

    Comme cette fille.

    J'ai su, à l'instant où j'ai repensé à sa disparition, qu'elle ne quitterait plus mon esprit. Quoi que j'ai pu penser ces dernières minutes, tout me ramenait à elle. D'ailleurs, combien de minutes s'étaient écoulées depuis que j'avais croisé son regard, depuis qu'elle avait disparue ? Je n'aurais su le dire. Si Stann m'avait rejoint cela signifiait que peu de temps s'était écoulé. Or, quand j'ai vu cette fille, le temps paraissait ne plus défiler. Était-elle capable de l'arrêter ? Comment pourrait-on avoir subitement une emprise sur le temps en devenant un spectre ? En était-elle vraiment un ? Et si c'était en fait sur moi et non pas sur le temps qu'elle avait eu de l'emprise ? Son apparition m'avait complètement bouleversé, mais pourquoi au juste ? J'avais eu affaire à des spectres pourtant plusieurs fois dans ma vie. Pourquoi sa présence m'avait-elle autant affectée ?

    Comme si elle avait découlé d'un rêve.


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  • Je la contemplai toujours, malgré qu'elle soit en train d’ôter la vie à cet homme. La grâce de ses gestes lents attira particulièrement mon attention ; comme si elle avait fait ça toute sa vie. Puis mon regard se porta à ses mains délicates et fines, ses bras qui semblaient si fragiles, ses épaules, son cou, son visage. J'aperçus son regard. Ses yeux n'avaient pas l'aspect fatigué et faible de tout le reste de son corps, d'un bleu tel que celui d'un océan en plein été, si on y plongeait, on s'y perdait à jamais.

    Je sursaute, puis jette un œil à l'heure indiqué sur le réveil de ma table de nuit située à gauche de mon lit. 2:00. Je m'assieds, essayant de retrouver mes esprit. Cela faisait une semaine que je faisais le même rêve, que je me réveillais en sursaut au beau milieu de la nuit, sans parvenir à me rendormir malgré la fatigue qui me gagnait. Depuis que ce rêve a commencé à me tourmenter, lorsque je me réveille, j'ai toujours cette impression d'être observé. Probablement la cause de mon impossibilité à mon rendormir une fois réveillé. J'inspecte ma chambre, comme j'ai pris l'habitude de le faire ces derniers jours. Soulagé de ne rien remarquer d'anormal, je me recouche et me tourne sur le côté afin de voir le ciel par la fenêtre.

    Une ombre passa. Si rapide que j'ai crus l'avoir imaginée, mais elle était bien là. Je me lève en vitesse et me dirige vers la fenêtre, d'un pas hésitant à cause de ce que je pourrais découvrir mais tout aussi rapide par peur de louper quelque chose. Rien. J'admire un instant cette nuit d'hiver éclairée par les lumières des lampadaires, si belle et si froide. Malgré la hauteur de l'immeuble, habitant le treizième étage, je réussis à distinguer un point blanc se diriger vers le parc. Et si c'était elle ? Je décide d'aller voir, sortant de ma chambre, sans réveiller Stann qui dormait dans la chambre à côté de la mienne, puis je sors de l'appartement. Je descends l'escalier en courant, l'ascenseur étant beaucoup trop lent. J'ai couru jusqu'à l'endroit où j'avais aperçu le point blanc, et décide de rejoindre le chemin menant à l'entrée du parc. Un sentiment étrange m'oppressait, de l'angoisse. Je n'en ressentais que très rarement. Était-ce le fait que j'allais probablement la revoir, que j'apprendrais qui elle est, ce qu'elle est, tout ce que je connaissais jusqu'à maintenant allait-il s'effondrer ? Je chassais ses idées de ma tête, réalisant que j'avais peut-être rêvé, ou que ce n'était peut-être qu'un chat blanc errant. J'entre dans le parc, d'un pas hésitant. Elle ne m'avait pas semblé méchante, du moins envers moi, lorsque je l'ai vu il y a une semaine, mais si elle l'était en fait, si elle m'avait épargné juste à cause de sa trop grande soif et que maintenant il lui était égal de me tuer ou non ? Tant pis, je me défendrais. Après tout, elle tue des gens, pas comptés parmi les meilleurs, mais elle n'a pas à décider de leur sort elle-même, c'est un spectre et rien d'autre.

    Puis je me figeai.

    Assise sur un banc près du chemin que j'empruntais, elle me regardait. Est-ce qu'elle m'attendait ? Tout ce qui m'était passé par la tête jusqu'à présent s'évanouit. Elle avait l'air tellement vivante, comme la dernière fois, après avoir prit une âme. Je me demandais alors si c'était ce qu'elle avait fait avant de venir ici. Je m'aperçois soudain que je la regardais sans la voir, lorsqu'elle me fit signe de venir. J'hésitai, puis avançai, trop curieux de savoir... je ne sais quoi encore.

    Je suis désoler de te hanter chaque nuit, mais je ressens ton tourment depuis que nous nous sommes...vu, me dit-elle.

    Sa voix, plus audible maintenant que ses murmures, me fit l'effet d'une gifle. Les spectres pouvaient-ils tous parler ? Étaient-ils tous comme elle ? Ou était-elle vraiment un spectre ? Je décide de lui poser la question, maladroitement cependant.

    Qu'est-ce que tu es au juste ?

    Je crus apercevoir un air vexé dans son regard, l'avais-je blessée ? Le fait que je me pose cette question m'étonnai, les spectres ne pouvaient normalement pas ressentir d'émotions, or, elle m'avait l'air bien vivante, et capable d'éprouver des sentiments.

    C'est difficile à expliquer, lorsque l'on devient spectre, c'est parce que la tristesse et la colère l'ont emporté sur tout le reste. Cependant, il arrive parfois que la colère soit tellement forte qu'elle laisse éveillée en nous une part de notre humanité, elle nous maintien envie en quelque sorte, et nous empêche de sombrer complètement, m'expliqua-t-elle.

    J'étais fasciné qu'une telle chose soit possible. Néanmoins, je ne comprenais pas tout à fait ce que cela signifiait. Y en avait-il beaucoup qui était comme elle ? Et le Grand Gardien était-il au courant ? Je me suis soudain mis en tête que ce n'était pas par moi qu'il l'apprendrait, s'il devait l'apprendre.

    Je me suis ensuite demandé où est-ce qu'elle pouvait bien se cacher lorsqu'elle n'était pas occuper à prendre des âmes.

    Y en a-t-il d'autres comme toi ? Et où vous cachez-vous ?, lâchai-je, me rendant compte grâce à l'expression de son visage que j'avais pris un ton presque agressif.

    Son visage. Comment pouvait-elle exercer un tel effet en moi ? C'en était perturbant. Je parviens d'habitude à contrôler facilement mes émotions mais là, mon cœur ne pouvait s'empêcher de battre toujours plus vite. J'étais face à une situation sur laquelle je n'avais aucun contrôle, quelque chose de nouveau, quelque chose qui changeait tout. Je finis par remarquer que c'est en la regardant dans les yeux que me cœur se met à battre si vite. Le sent-elle ? Je ne pouvais cependant pas m'empêcher de la regarder, elle me fascinait.

    Hayden ?

    Je sursaute en entendant mon prénom franchir ses lèvres, malgré la faiblesse de sa voix lorsqu'elle l'avait dit.

    Comment connais-tu mon prénom ?

    J'ai plusieurs fois eu l'occasion de l'entendre de la bouche de Stann, je n'ai pu m'empêcher de t'observer.

    Je sursaute à nouveau, entendant le prénom de mon ami. Je me sentis soudain vulnérable, qu'est-ce qui m'avait pris de baisser ainsi ma garde ? Elle dû s'en apercevoir car j'ai fais un pas en arrière sans m'en rendre compte, se qui l'a poussée à avancer, sa main tendue vers moi. Je regardais cette dernière puis porta une main à la sienne pour la toucher, m'attendant à la traverser comme le vent.

    Je la sentais. Surpris, je serrais ses doigts, pour être sûr de ne pas rêver, oubliant presque sa présence. Je levai la tête vers elle, elle me regardait, je sentais son pouls s'accélérer sous mes doigts, puis retirai vivement ma main de la sienne, étonné par le sentiment d'angoisse que trahissaient ses traits. Une question me brûla les lèvres, je ne pu m'empêcher de la lui poser.

    Comment t'appelle-tu ?

     

    Laédia, murmura-t-elle.


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  • — Laédia, répétai-je dans un murmure à peine audible.

    Il me semblait très bizarre de mettre un nom sur son visage, comme si pour moi, elle était destinée à ne pas en avoir, étant donné son statut. Elle restait pour moi une créature étrange, et c'est sûrement ce qui me fascinait tant.

    — Tu as l'air étonné, mon prénom te dérange ? Ou est-ce le fait que j'en ai un tout simplement ?

    — Euh... non c'est... Rien désoler, marmonnai-je.

    Elle avait raison, lisait-elle dans les pensées ? Je me posais tellement de questions à son sujet que même ses réponses ne parviendraient pas à satisfaire ma curiosité, plus elle m'en disait, plus je voulais en savoir, elle n'avait pourtant pas dit grand chose jusque là.

    Je la dévisageais, elle fit la même chose puis fini par sourire. Malgré les cernes sombres que l'on pouvait distinguer sans peine sous ses yeux, ce sourire illumina son visage, elle avait l'air plus humaine que n'importe qui, mais après tout, nos ancêtres l'avaient été.

    — As-tu fais exprès de te montrer ? finis-je par lui demander.

    — Oui et j'ignore ce qui m'y a poussé, au fond de moi, je te devais une explication, hésita-t-elle.

    — Mais pourquoi? Suis-je le premier à te surprendre? lançai-je.

    — Non, mais toi tu es différent, tu n'as pas paru dégoûté de moi une seule seconde, tu n'as pas protesté quand je t'ai demandé de ne pas intervenir, mon apparition de cette nuit est pour moi une façon de te remercier, probablement, me dit-elle.

    — Parce que je ne te reverrai jamais ? lâchai-je soudain angoissé par cette idée, pour je ne sais quelle raison.

    Elle captivait toute mon attention, je n'arrivais pas à penser à autre chose ni à mettre de l'ordre dans ma tête. Il était clair pour moi qu'elle ne se débarrasserait pas de mes questions si facilement.

    — Pourquoi aurais-tu envie de me revoir ? Je suis l'objet de la chasse que vous menez, toi et les autres gardiens, depuis que nous avons été découverts, j'avais même peur que tu n'hésites pas à me tuer si je me montrais alors que n'importe qui d'autre à ta place l'aurait fait.

    — Tu n'es pas comme les autres spectres, tu ressens des choses, la peur toute à l'heur, la colère l'autre nuit, la joie quand tu as souris, tu as quelque chose de plus, comme si tu n'avais pas achevé ta transformation.

    — Parce que c'est le cas, j'ai fais en sorte qu'elle s'arrête à ce stade précis.

    — Mais comment ? Tout ça me dépasse complètement, c'est comme si tout ce qu'on m'avait appris sur vous s'effondrait parce que j'ai découvert ton existence !

    — Je te l'ai expliqué, ma colère a fait que j'ai gardé ma part d'humanité parce que je désirais ressentir toutes les autres émotions afin de mieux pouvoir me venger.

    Je ne relève pas la fin de sa phrase, incapable de penser en la voyant ainsi qu'elle pouvait faire du mal à quelqu'un, alors que j'y avais assisté une semaine auparavant.

    — Je ne peux pas le croire, ce n'est pas possible, affirmai-je en haussant le ton de ma voix sans m'en rendre compte.

    — Est-ce que j'ai l'air d'un rêve ? me lança-t-elle tout en haussant ses sourcils.

    — Mais mets-toi à ma place, c'est complètement dingue ! criai-je.

    — Arrête de crier on va nous entendre ! chuchota-t-elle.

    — Non je n'arrête pas, tout ça est complètement dingue ! criai-je encore en me passant nerveusement la main dans les cheveux.

    — Hayden calme-toi ! me dit-elle, posant ses mains sur mes épaules afin de me maintenir en place.

    L'entendre prononcer mon prénom me serra une nouvelle fois le cœur. Mais le contact de ses mains sur mes épaules fit se répandre en moi une douce et apaisante chaleur. Je me calmai, immobile, la regardant.

    — C'est toi qui as fait ça ? dis-je, surpris mais maintenant calme.

    — Quoi donc ? me dit-elle en enlevant ses mains.

    — Je n'ai pas pu retrouver mon calme tout seul tu as bien du faire quelque chose ! lançai-je en recommençant à m'énerver.

    — Mais non je n'ai absolument rien fais, et ne recommence pas à crier, moi aussi je peux hurler !

    Elle avait dit cette dernière phrase en criant. Je réfléchis à toute vitesse. Comment pouvait-elle avoir un tel effet sur mon esprit, et maintenant sur mon humeur, et sur mon corps. Je me souvins soudainement que lorsque je l'avais vu l'autre nuit, son regard m'avait paralysé.

    — Tu produis un drôle d'effet sur moi. J'ignore comment tu t'y prends mais il faut que tu cesse de le faire immédiatement !

    Elle me regarda, l'air offensé puis se mit en colère.

    — Tu délire complètement je ne produis aucun « drôle d'effet» sur toi, je ne suis pas une sorcière, je suis juste différente, ne me rend pas responsable de ce qui se passe dans ta tête !

    — C'est pourtant ta faute si je délire comme tu dis, rien ne me préoccuperai si je ne t'avais pas vu la semaine dernière !

    Elle s'avança vers moi et me poussa. C'était quoi son problème au juste ? Avant même de pouvoir obtenir une réponse, une nouvelle vague de chaleur m'envahit au contact de ses paumes, m'apaisant et détendant mes muscles contractés par la colère. À voir sa réaction, cette fois elle l'avait senti aussi.

    — Je suis désoler... J'ignore comment j'ai fais ça, me dit-elle, surprise.

    — Grâce à un simple contact, comment c'est possible ?

    — Je n'en sais rien, jamais rien de tel ne m'était arrivé jusqu'à présent...

    — As-tu déjà établit un contact physique avec quelqu'un avant ?

    — Non, je ne crois pas, répondit-elle après avoir réfléchit un instant.

    — C'est assez étrange...

    Nous nous regardons durant quelques seconde, songeant tous les deux à ce qui venait de se passer. Une idée me vint en tête.

    — Tends ta main, lui dit-je, faisant moi-même le geste, dirigeant me paume vers elle.

    — Qu'as-tu donc en tête ? dit-elle en joignant sa paume à la mienne.

    Rien ne se produisit. Elle me dévisagea, l'air de vouloir se moquer. C'est lorsque nous décollons nos mains l'une de l'autre que quelque chose se passa. Une sphère blanche d'un éclat éblouissant apparu, éclairant nos deux visages dans la nuit. Plus nous élargissions l'espace entre nos deux mains, plus elle gagnait en masse, jusqu'à se diviser en deux, l'une restant sur ma main, et l'autre sur la sienne. Je la regardait, elle avait l'air horrifiée, je me sentais pourtant si bien, était-ce la sphère qui créait cet effet ? Le sentait-elle, elle aussi ? Elle frappa brusquement ses deux mains l'une contre l'autre et les deux sphères disparurent.

    — Pourquoi as-tu fais ça ? Tu n'as pas sentis son effet apaisant ?

    — Si...Justement je l'ai senti... dit-elle terrifiée.

    — Alors où est le problème ?

    — Tu ne peux pas comprendre, désoler, je dois m'en aller, fit-elle en se retournant.

    — Laédia !

    Le fait d'avoir prononcer son prénom à haute voix me fit le même effet qu'à elle, car elle se retourna, étonnée. La peur s'étant un peu estompée de ses traits.

    — Reviendras-tu me voir ?

    J'ignorais pourquoi, mais je ne souhaitais pas en finir ainsi.

    — C'est toi qui m'a trouvée, répondit-elle avant de disparaître.

    «C'est toi qui m'a trouvée.» Qu'est-ce que cela signifiait ? Que je pourrais la retrouver à chaque fois que je le souhaitais ? Elle était parti, cependant, l'effet de la sphère ne s'était pas évaporé avec elle, je le sentais encore, si doux.

    Après un long moment de réflexion assis sur le banc où elle était assise quand je suis arrivé, je me levai enfin et décidai de rentrer avant que Stann ne s'aperçoive que j'étais partis.


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  • Malgré l'obscurité et le faible éclairage du parc en pleine nuit, je le regardais, caché derrière un gros arbre du parc qui m'effaçait complètement, de sorte qu'il ne puisse pas me voir. J'avais pris depuis quelques nuits la mauvaise habitude d'observer tous les spectres que je voyais. Jusque là, tous ceux que j'avais pu apercevoir n'avaient rien à voir avec elle. Celui-ci avait probablement été un gardien de la H-E, l'harmonie Humain-Environnement, étant donné qu'il était intervenu lorsqu'un homme avait décidé de peindre tous les buissons qui passaient sur son chemin avec une bombe de peinture rouge. Je devais intervenir, je le savais. Pourtant, je restais là, à observer le moindre petit geste qui prouverait que lui aussi n'est pas comme les autres. Il allait lui enlever son âme.

    — Merde Hayden qu'est-ce que tu fous ?!

    Stann surgit de derrière moi, se précipitant sur le spectre pour l'arrêter. Il fit appel à la sphère rouge, celle que l'on utilise pour mettre fin à la vie des spectres. Une fois en contact avec le corps de celui-ci, la sphère l'enveloppa et il devint de plus en plus transparent, jusqu'à disparaître complètement. Se tournant vers l'homme assis à terre, le regard remplie de peur et fit apparaître cette fois la sphère verte, qu'il fit pénétrer dans la poitrine de l'homme, qui fut aussitôt apaisé, reprenant le cour de sa vie en ayant oublier grâce à la sphère toute violence.

    Un hoquet de surprise se fit entendre près de nous. Stann et moi nous retournons en même temps vers sa source et constatons qu'il y avait un témoin à toute la scène qui venait de se dérouler. Stann me lança un regard, que je perçus sans même avoir besoin de le regarder, parce que je savais ce qu'il pensait ; c'était ma faute, et il avait raison. Le témoin, un jeune garçon âgé d'environ une dizaine d'année, s'enfuit en courant. Inutile de le rattraper, de toute façon personne ne le croira.

    Stann vint rapidement à ma rencontre, après un court moment de silence.

    — Qu'est-ce qui t'arrive ces derniers jours, ça fait deux fois que j'interviens comme ça, ça va pas ? Et maintenant à cause de toi on est grillé !

    Je ne relève que ça dernière remarque.

    — Il est jeune, personne ne croira ce qu'il raconte s'il le dit à quelqu'un, et il oubliera..

    — Oui je n'en doute pas, mais le Grand Gardien lui, il ne va pas oublier ! Il sait quand l'un de nous a manqué d'attention au point de s'être fait prendre par un humain !

    — Ça ne nous est jamais arrivé auparavant, je ne vois pas pourquoi il nous convoquerait pour une si petite faute d'inattention, dis-je agacé.

    — Ça aurait pu ne pas être un petit garçon Hayden ! Ça aurait pu être un adulte, qui aurait été signalé ce qu'il a vu aux autorité et une enquête aurait été menée, dit-il avec gravité avant d'ajouter. Bon, et si on rentrait ? finit-il par me demander.

    — Vas-y, je te rejoins, répondis-je.

    — Qu'est-ce que tu vas faire encore ? Tu rentre très tard et tu dors presque tout le journée ! me lança-t-il.

    — Je n'en ai pas pour longtemps, répondis-je en haussant les épaules et m'éloignant sachant qu'il n'ajouterai rien.

    Je traînais dans le parc, comme je le faisais ces dernières nuits, plus précisément depuis que je l'avais revue, trois fois. Il me suffisait de la chercher ne serait-ce que quelques dizaines de minutes pour qu'elle se montre enfin. La première fois qu'elle s'est montrée, je me promenais en pleine nuit au Millennium Park, comme en ce moment. Elle avait surgit derrière moi, murmurant mon nom qui avait été porté par le vent, comme la première fois que je l'ai vu. La deuxième fois aussi, durant une nuit au parc, elle était installée sur un banc. Elle m'avait parue si fatiguée que nous n'avions pas beaucoup parlé, voire presque pas.. La troisième et dernière fois, toujours au même endroit, je l'avais cherchée durant une heure et avais finis par la trouver allongée au beau milieu de l'herbe. Je m'étais installé à côté d'elle, m'entraînant dans sa contemplation des étoiles qui, cette nuit là, scintillaient comme des guirlandes lumineuses sur un sapin de noël. Je la cherchais toujours, en quête de réponses à toutes mes questions. Mais à chaque fois qu'elle apparaissait, les questions qui flottaient dans mon esprit la minutes d'avant me semblaient totalement inintéressantes. Ce soir, il fallait vraiment qu'on discute. Sinon, je ne pourrais jamais avoir les réponses que j'attends, alors autant en finir maintenant.

    Je m'assis sur un banc, celui sur lequel elle était assise lorsque nous nous étions vraiment rencontré, quand nous avions parlé, et quand cette mystérieuse sphère blanche, à laquelle je n'avais cessé, était apparue. Pour une fois, c'est moi qui allait l'attendre.

    Je guettais les bruits alentours, les yeux fermés, respirant l'air frais de l'hiver, lorsque je sentis une douce sensation se répandre en moi. Ouvrant les yeux, je compris immédiatement que cette sensation était dû à sa main posée sur mon épaule.

    — Hayden, murmura-t-elle.

    — Laédia, répondis-je. J'ai vraiment besoin de réponses, tout est tellement...

    — Bouleversant, me coupa-t-elle.

    J'acquiesce d'un hochement de tête. Elle soupira et s'assit près de moi.

    — Tout est si compliqué à expliquer.. me dit-elle, le regard perdu au loin.

    — Tu n'as qu'à répondre à mes questions, proposai-je. Dis-moi depuis quand es-tu comme ça, ou encore si tu en connais d'autre comme toi, ou dis-moi plutôt ce que tu fais de tes journées ?

    Elle me regarda, d'abord étonnée, puis elle étouffa un rire. J'avais peut-être été trop loin en posant ma dernière question. Je décidai de revenir sur l'une des précédentes pour faire passer la confusion.

    — Es-tu comme ça depuis longtemps ?

    — Qu'appelles-tu « comme ça » au juste ?, me lança-t-elle, penchant la tête d'un côté tout en me regardant.

    — Et bien.., hésitai-je. Tu vides les gens de leur âme, tu étais presque translucide quand je t'ai aperçu dans le parc, et tu es redevenue ainsi, la montrant d'un geste de la main, après avoir volé une âme.

    — Prendre l'âme d'une personne qui ne la mérite ne devrait pas être considéré comme un vol, répondit-elle, froidement.

    J'étais perturbé à l'idée de voir qu'elle puisse ressentir autant de choses que moi, elle pouvait sourire, un signe de joie, être vexée, en colère, triste et j'en passe.

    — Je comprends ce que tu veux dire, mais tu ne peux pas en décider par toi-même.

    Elle me lança un regard noir, comme si son impression que je la comprenais venais de s'évaporer car je l'aurais trahis. Elle se leva brusquement et fit quelque pas, l'air très énervée, avant de se retourner vers moi.

    — Est-ce que tu es contre moi ? Vas-tu me faire subir le même sort que tu fais subir à tous les spectres ? Je croyais que je pourrais avoir confiance en toi, que jamais tu ne t'en prendrais à moi, ai-je eu tort de le penser ?, lâcha-t-elle avec un tel sérieux que je dû réfléchir à formuler une réponse qui ne la ferai pas fuir.

    Je me levai à mon tour pour la rejoindre, mais elle recula, toujours en colère.

    — Laédia, jamais je ne te ferais de mal, et tu peux avoir confiance en moi, je ne te trahirais pas. Mais il faut que tu sache que si je te dis que cette décision ne t'appartiens pas, c'est parce que les rôle des gardiens est de préserver toutes les harmonies, mais aussi d'éliminer tous les spectres qu'ils rencontreront.

    Je vis soudain de la peur dans ses yeux, comme si elle craignait que je lui arrache sa vie à tout moment. Elle recula de nouveau, se retournant pour partir. Je marchai rapidement pour la rattraper et posa doucement une main sur son épaule, pour l'empêcher de s'enfuir. Je me mis face à elle et posa ma main libre sur son autre épaule, afin d'être sûr qu'elle me regarde bien.

    — Tu n'as rien à craindre de moi, tu m'as mal compris. Moi je ne t'ai pas ôté la vie, mais n'importe quel autre gardien qui t'aurait vu le soir où je t'ai laissé t'approprier l'âme d'un homme n'aurait pas hésité, tu dois être prudente.

    Le contact de mes mains sur ses épaules avait un tel effet apaisant que je ne pu me résoudre à les enlever. Je me demandai encore si elle le sentait elle aussi.

    — J'arrive à percevoir les moments où tu ressens de fortes émotions.

    Sa voix me fit sursauter, étant focaliser sur la douce sensation qui m'habitait en la touchant.

    — Que veux-tu dire ?

    Elle reprit sa place sur le banc, rompant tout contact, ce qui me fit brusquement revenir à moi. Je repris également ma place. Elle fixait au loin un point invisible comme à son arrivé, serrant se ses deux mains le banc sur lequel nous étions.

    — Ton désir de me voir. À chaque fois, j'essaie de me persuader que je ne dois pas venir te voir, mais je sens tellement ton envie de me voir que je ne parviens pas à rester dans l'ombre plus longtemps.

    Je l'écoutais attentivement, regardant le parc éclairé par la lumière de la lune qui était pleine, me retournant parfois vers elle pour la regarder. Cette façon de toujours regarder un point invisible devant elle me mettait mal à l'aise, comme si elle se perdait très loin à chaque fois qu'elle pensait. Je posai ma main à côté de la sienne, espérant être envahi par la sensation enivrante qui me parcourait toute à l'heure. Je n'arrivais plus à m'en passer, comme lorsque l'on entame une tablette de chocolat, le désir d'en reprendre un morceau, puis un autre, et encore un, est plus fort que nous. Elle était comme du chocolat, mais en plus intense.

    — À chaque fois, je veux te voir pour avoir enfin des réponses mais en fin de compte, je ne ressens plus le besoin de les poser, tu me fascine tellement qu'elles paraissent sans intérêt en comparaison.

    Elle rougit, légèrement mais la pâleur de sa peau la trahit. Qu'avais-je bien pu dire pour déclencher cette réaction chez elle ? Voilà un sentiment que je pouvais ajouter à la liste de ceux qu'elle pouvait ressentir, elle était gênée. Je sentis soudain l'apaisement de son contact sans parvenir à savoir directement d'où il venait, avant de remarquer que nos mains se touchaient, même avec un bref contact, la sensation ne perdait pas en intenté. Elle inspira longuement, comme pour laisser la sensation la parcourir jusque dans ses poumons, comme si elle voulait en garder en réserve. Puis elle poussa un soupir. Elle ne voulait pas en garder, mais pour quelle raison ?Je voyais qu'elle se sentait paisible elle aussi, les muscles de son visage s'étaient détendus complètement, ainsi que ses épaules, qui jusqu'ici étaient toutes contractées, elles étaient maintenant relâchée. Elle me rappela soudainement la fois où elle avait parue revivre, ses cheveux étaient lumineux, d'une couleur proche de l'or, comme maintenant. Notre contact lui procurait-il le même effet que les âmes ? La sphère blanche me revint ensuite en mémoire, je décidai de l'interroger.

    — Comment ses deux sphères blanches sont apparues la dernière fois ?

    — C'est une histoire bien compliquée.. me répondit-elle après un instant de silence. Mais je pourrais sûrement te la raconter demain, ajouta-t-elle, comme pour me lancer le défi de revenir la nuit suivante.

    J'acquiesce, comprenant par sa réponse qu'il était venu le moment de retourner à nos vies respectives. Elle s'éloigna, puis, une fois assez loin, se retourna pour me faire un signe de la main, chuchotant quelque chose que je ne percevrai que grâce au vent dans un court instant ; voilà une question de plus qu'il fallait que je lui pose, comment pouvait-elle se servir du vent ? Je me concentrai, répondant d'un signe de main tout en restant attentif aux murmures du vent. Voilà qui faisait un joli nom à cet étrange phénomène.

    — Bonne nuit, avait-elle chuchoté.

    En relevant la tête dans sa direction, elle avait disparue.

    En rentrant, je trouvai Stann assis sur le canapé, une mine pas très accueillante.

    — Le Grand Gardien a demandé à nous voir demain à la première heure, me dit-il en levant sa main qui tenait une lettre avec la signature de ce dernier.

    — Crois-tu qu'il soit au courant de... mon manque d'attention des ces derniers jours ? hésitai-je.

    — Je n'en sais rien, mais je ne l'espère pas pour toi... me répondit-il sans même se donner la peine de me regarder.

     

    J'avais tout à coup un nœud dans l'estomac. Ce n'était pas une sanction qui pouvait m'attendre, mais une sorte de rattrapage de tout ce que nous apprenons avant de devenir gardien, et je ne sais si je pourrais le supporter.


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  • Chapitre 6

    J'ouvre les yeux, étonné de ne pas être gêné par les rayons du soleil et mets un peu de temps à m'adapter à l'obscurité et à distinguer les chiffres qui ne sont que des tâches rouges sur mon radio réveil. Il était donc sept heure du matin, pas étonnant que le soleil ne soit pas levé. Stann frappe à la porte de ma chambre.

    Debout c'est l'heure on a pas intérêt à être en retard, me lança-t-il sachant que je serais réveillé avant d'ajouter avec sous-entendu : Si tu vois ce que je veux dire...

    Je me lève péniblement, n'étant plus habituer à me lever si tôt. J'enfile en vitesse un jean bleu, un polo blanc, mes vieilles nike et prends ma veste à capuche noire après être passé dans la salle de bain et passé un peu d'eau sur mes cheveux châtains foncés qui restaient parfaitement en équilibre, courts sur les côtés et l'arrière de mon crâne puis plus longs de quelques centimètres sur le dessus. Je sors de ma chambre sans être surpris de constater que Stann est déjà près, étant donné qu'il ne fait aucun effort pour améliorer le champ de bataille que représentent ses cheveux blonds, mais ça lui donne un certain style, on va dire.

    T'es prêt ? me demande mon ami avec un regard inquiet.

    Il le faut bien, répondis-je.

    Les seules fois où nous étions convoqués chez le Grand Gardien, c'était uniquement pour des visites de routines, histoire de faire le bilan, et dans des cas particuliers tel qu'il y a trois ans, nous sommes assignés à de nouvelles missions, ce qui n'est d'ailleurs pas arrivé depuis. Ce qui paraissait donc inhabituel, donc inquiétant étant donné les récents événements, c'est que cette visite de routine ce faisait ordinairement en juillet, or, nous étions en décembre. Des nœuds commençaient à se former dans mon ventre. J'étais sûr qu'il avait eu vent de ce qui s'était produit dans le parc.

    Stann ouvrit la porte, me laissant passer avant de sortir à son tour pour verrouiller la porte. Le chemin qui menait au palais du Grand Gardien était un peu long, mais rien d'insurmontable. Nous devions passer par les souterrains de la ville afin d'accéder à un portail magique qui menait à divers endroit, mais nous ne devions l'emprunter que dans le cas présent. Pour atteindre les souterrains de Chicago, il fallait passer par les stations de métro situées sous la ville. Une fois dans une de ces stations, il nous suffisait d'emprunter l'une des nombres portes avec une inscription telle que «Attention danger», et nous arrivions aux souterrains. Nous n'utilisions pratiquement jamais le même chemin, selon les stations de métro où nous descendions et les portes que nous ouvrions, les stations de métro, ce n'est pas ce qu'il manque à Chicago !

    Une fois l'une des porte ouverte, nous pénétrons sous la ville. Nous n'avions pas encore utilisé ce passage, la porte ayant été souvent condamnée pour une raison que nous ignorons, mais autant ne pas se prendre la tête. Aujourd'hui, les stations étaient remplies des gens. Lorsque l'un des métro arrivait, tous se déplaçaient, formant un véritable essaim. Nous avions donc décidé de nous diriger vers cette porte, calée dans le renfoncement du mur, à l'abri des regards.

    Les souterrains me faisait toujours penser à des égouts, mais c'était pire ici. L'odeur de la décomposition des déchets ayant atterris ici, l'humidité dégoulinante sur les murs, et de l'eau marron d'une texture étrange qui ruisselait entre des anciennes railles de métro. Ce devait donc être une ancienne ligne de métro abandonné.

    Rappelle-moi de ne plus passer par ici, me dit Stann, essayant d'étouffer l'odeur en fourrant son nez dans son coude.

    Compte sur moi, répondis-je couvrant le milieu de mon visage afin d'éviter cette odeur épouvantable à mes narines.

    Pourtant, à quelques dizaines de mètres, l'odeur s'était atténuée, voire même disparue. Nous arrivions dans une ancienne station où nous pouvions voir l'avant d'un métro tout défoncé, il avait sûrement déraillé et c'était probablement la cause de la fermeture de cette station et la condamnation de la porte par laquelle nous étions passé. Il régnait un tel calme de sorte que nous aurions pu nous croire au beau milieu d'un film d'horreur, dans cette station complètement abandonnée.

    Nous poursuivons notre chemin en silence, pour, après un détour d'un kilomètre environ, nous retrouver enfin face au portail. Le système était simple ; tous les gardiens possèdent une clé. Une fois dans la serrure, nous tournions la clé jusqu'à voir apparaître la couleur bleu dans un petit rectangle au dessus de la serrure. Il nous fallait la tourner sur trois cette fois, le bleu précédé du rouge et du jaune. Le nombre de tour dépendait du dernier passage qui avait été emprunté. Nous n'avions le droit que d'utiliser le bleu qui menait au palais du Grand Gardien. Il y en avait un vert, un rouge, un jaune, un violet et donc un bleu.

    Une fois le portail ouvert, Stann ouvre ce qui ressemble à une porte de coffre fort en tournant une sorte de volant comme en sont équipé les bateaux. Nous pénétrons dans un champ de force bleu ciel apparu à l'ouverture de la porte. Le voyage ne durait que quelques secondes mais les sensations d'engourdissement étaient si désagréable qu'il nous paraissait toujours plus long.

    Une fois les pieds sur la terre ferme, arrivé dans l'immense hall du palais, accueillis par l'une des servante, la même que la dernière fois en fait. De petite taille et âgée, dans son uniforme noir et bleu marine, elle nous pria de la suivre avec un sourire qui dévoilait une grande gentillesse. Sur ses pas, Stann et moi nous regardons, la culpabilité devait se lire sur mon visage car le sien envoyait de la compassion, comme si s'en était fini pour moi. Je commençais à craindre le pire de plus en plus. Après avoir monté un long escalier d'un bois ancien mais toujours impeccablement neuf avec un tapis rouge à motifs couleur or, une grande double porte apparue devant nous, d'un blanc éclatant, avec des bordures et des poignées dorées, assorties au tapis. C'était la porte du bureau du Grand Gardien. Elle s'ouvrit sur ce dernier. Il n'avait pas changé depuis notre dernière visite ; de longs cheveux gris qui lui arrivaient à la moitié du dos, et l'une de ses tuniques longues qu'il porte tout le temps, celle-ci était bleue.

    Entrez je vous prie, nous dit-il alors que nous restions immobile et le dévisagions.

    Son bureau avait, lui, un temps soit peu changé. La grande armoire en bois qui se trouvait la dernière fois à droite de l'entrée, était maintenant placée toute au fond de la grande pièce. Une bibliothèque du même bois l'avait remplacée, alourdie par de nombreux volumes épais qui rassemblait probablement l'histoire des gardiens.

    Le Grand Gardien, appelons le par son nom, Rufus, s'assit au fond de son siège au tissu vieillis qui trahissait sa fréquente présence sur ce dernier, et nous fit signe de prendre place en nous montrant les deux chaises faces à lui, de l'autre côté de la table.

    Vous vous demandez probablement pourquoi je vous ai fais venir ici, il marque une pause et tourne la tête dans ma direction, ou pas, ajouta-t-il.

    Cette fois, j'en étais sûr, j'étais cuit.

    Avec le temps, vous sous-estimez l'importance de la discrétion, vous ne faites plus attention et êtes de moins en moins prudent, et je parle en général, ce cas ne s'affectent pas seulement à vous, d'autres aussi font depuis quelque temps des erreurs similaires.

    Stann se tourne pour me regarder.

    Il n'y a pas véritablement de coupable, s'empressa-t-il d'ajouter comme s'il avait deviner ce que pensait mon ami.

    Pourtant, ce qui était arrivé était vraiment de ma faute.

    C'est pourquoi j'ai décider, afin de mieux comprendre le comportement des humains, que vous devriez vous intégrer à la communauté.

    Un silence s'installe, traduisant l'incompréhension de Stann et la mienne, attendant plus d'explication.

    Vous savez sûrement ce qu'est- un lycée j'imagine ?, commence-t-il, attendant une réaction de notre part qui fit seulement un double hochement de tête, Eh bien vous en intégrerez un dès le début de la semaine prochaine, je sais bien que la moitié d'un semestre est déjà passé mais vos cours par correspondance sont beaucoup plus avancé que le programme des lycées, vous n'aurez donc aucune difficulté à suivre. Il s'agit du lycée H. Washington, dans la rue de l'East Lake, à quelques rues de la vôtre.

    Même en devinant qu'il n'ajouterai rien de plus, Stann et moi gardions le silence, très peu enthousiastes à l'idée de se mêler à la population de Chicago. Nous suivions des cours par correspondance depuis tellement longtemps, jamais à part lors de notre formation en temps que gardiens nous n'avions été dans un établissement public, si nous considérons les écoles du palais comme tel. Avec la présence des humains tous les jours à nos côtés je ne vois pas ce qui pourrait changer, cela devait être une punition pour avoir manquer d'attention, il dissimulait cette sanction sous forme d'une soit disant stratégie qui n'aboutirait à rien.

    Une fois ces explications sur les raisons qui l'avait poussés à prendre cette décision ridicule, il nous raccompagna à l'entrée de son bureau et ouvrit la grande double porte. La servante, munit d'un badge où était inscrit le nom Dahlia, nous attendait, comme si elle n'était jamais partie. Elle nous reconduisit à la sortie, du moins, au portail en sens inverse. Le palais contenant plusieurs passage magique de sorte que nous n'avons pas besoin d'utiliser de clé, chaque passage conduisant à un endroit précis. Le portail ici avait meilleure allure que celui que nous avions emprunté à l'allée, il ressemblait aussi à un coffre fort, mais sa couleur dorée et ses détails lui donnait un aspect plus sophistiqué. Une fois ouvert, nous traversons, accompagnés des sensations d'engourdissement.

    De retour dans les souterrains humides et nauséabonds, nous entamons le chemin inverse de l'allée. Stann me devançait de quelques pas quand nous sommes arrivé à l'ancienne station abandonné. Une drôle de sensation m'envahit, presque semblable à celle qui me parcours en présence de Laédia. Toutefois, il était peu probable qu'elle ai atterrit dans un endroit pareil. Que ferait-elle dans une station de métro avec un métro défoncé ? Je choisis quand même de vérifier.

    Je vais rester un peu ici pour prendre l'air, ne m'attends pas, dis-je à Stann qui se retourna pour me lancer un regard lourd de sous-entendus avant d'acquiescer et de poursuivre son chemin.

    J’attendis de ne plus le voir avant de commencer à fouiller les environs. La sensation avait cependant perdu en intensité. Il n'y avait rien aux alentours, je décidai d'aller explorer l'intérieur du métro, ou du moins, ce qu'il en restait. Je fis un pas à l'intérieur juste au moment où quelqu'un se cachait. J'approchais lentement, méfiant.

    Y a quelqu'un ?, demandais-je, sachant déjà la réponse, histoire de montrer que je ne suis pas un agresseur ou quelque chose dans le genre.

    Puis, sans m'y attendre, la personne sorti rapidement la tête de derrière l'armoire où elle était cachée.

     

    Laédia ?


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  • Je n'imaginais pas la voir ici, l'ayant cherchée quand même et ce, en me disant que mon esprit devait me jouer des tours. Elle était pourtant bel et bien là. Cependant, quelque chose avait changé chez elle. Je ne pu savoir ce que c'était avant qu'elle ne sorte complètement de sa cachette, rassurée de voir que c'était moi. Ses cheveux avaient été coupés juste au-dessus des ses épaules, ce qui avec le volume de sa chevelure lui donnait un air très séduisant. Je secoue la tête à cette pensée. Sa tenue aussi avait changée. Sa robe de coton blanche avait fait place à un pull blanc entièrement orné de dentelle de la même couleur. Elle avait un jean slim noir délavé et légèrement déchiré aux genoux, ainsi que des converses noires basses. Elle me paraissait tellement... Normale. Ce qui me fascinait encore plus ; elle savait, malgré sa nature, se transformer de sorte que personne ne la soupçonne de rien. Elle fit la grimace, cela faisait déjà quelques minutes que je la dévisageais.

    Cela ne te plais pas ?, finit-elle par me demander d'un air déçu.

    Mon avis est-il vraiment important ?, répondis-je.

    Un peu oui... Tu es mon seul ami Hayden, dit-elle après une hésitation en me lançant un regard gêné.

    Je m'approche d'elle et saisis la pointe d'une de ses mèches de cheveux, d'un blond qui me semblait de plus près plus éclatant.

    J'aime beaucoup, répondis-je, sans la regarder et entrelaçant sa mèche entre mes doigts.

    Je retirai ma main soudainement, jugeant ce geste trop intime. Elle sourit néanmoins. De sa main, elle ébouriffa mes cheveux que je me donnais tant de mal à coiffer.

    Les tiens ne sont pas mal non plus !, dit-elle en riant.

    Quelque chose avait aussi changé dans son humeur, elle se révélait être plus vivante. Mal à l'aise, je décidai de changer de sujet.

    Qu'est-ce que tu peux bien faire ici ?, dis-je en regardant autour de nous dans le wagon de métro.

    C'est ici que je passe le plus clair de mon temps, dit-elle en haussant les épaules et inspirant tout l'air qu'elle pouvait, quand je ne suis pas...

    Quand tu n'es pas quoi ?, m'étonnai-je.

    Aucune importance, lâcha-t-elle en allant s'asseoir sur un semblant de canapé déplié en lit.

    Intrigué, je la rejoins et m'assieds à côté d'elle.

    Et toi qu'est-ce que tu fais ici, c'est chez moi là, annonça-t-elle en me donnant un coup d'épaule qui provoqua une trop brève sensation paisible.

    J'ai été convoqué, répondis-je en repensant à notre punition.

    Et qu'est-ce que Rufus a bien voulu te dire à cette période de l'année ?

    Suite à un... Incident, repris-je, il a décidé que nous devions, mon ami et moi, nous intégrer à la communauté, dis-je pour reprendre ses mots.

    Et comment allez-vous vous intégrer ?, demanda-t-elle avec curiosité.

    En allant au lycée qui se situe à quelques rues de celle où je vis, si ce n'est pas ridicule comme idée.., dis-je agacé.

    Elle me regarda, écarquillant les yeux et éclatant de rire. Je ne m'attendais pas du tout à une telle réaction de sa part. Qu'est-ce qui pouvait bien être drôle ? Se moquait-elle de moi ?

    Ce n'est pas si ridicule que ça comme idée, reprit-elle.

    Être entouré d'humains qui ne se soucient que de leur petite personne à longueur de temps pourrait vite devenir agaçant...

    C'est justement parce qu'ils n'ont besoins de se soucier de rien que je les envie, dit-elle le regard loin, effaçant toute joie sur son visage.

    Comment tu peux dire ça ? Tu es toi-même contre tout ce qu'ils font, surtout pour leur comportement envers les animaux !, lâchai-je, très surpris par cet aveux.

    Je ne dis pas que leur façon d'agir est la bonne, seulement, si on y réfléchit bien, ils sont libre, ils n'ont pas à se préoccuper de choses aussi graves que nous...

    Je décidai de la laisser poursuivre, devinant qu'elle en avait encore à dire.

    J'aurais beaucoup aimé avoir une vie normale tu sais... Sans pour autant être d'accord avec tout ce que font les humains, je sais que si je n'avais pas été gardienne, je n'aurais jamais maltraité d'animaux sans défenses. Je ne regrette pas d'avoir acquis des pouvoirs en tant que spectre, si je peux dire, car ils m'ont libérée de l'emprise de Rufus, mais ne considère pas le fait d'aller au lycée pour une punition, tu pourrais t'y plaire plus que tu ne l'imagine.

    Comment peux-tu en être aussi sûre ?, lui demandai-je, m'opposant à cette idée.

    Cela n'a pas d'importance, répondit-elle avec un petit sourire que j'arrivais à peine à discerner. Le lycée est un établissement rempli de gens de notre âge qui ne s'occupe pas de perturber nos harmonies, dit-elle avant de marquer une pose et se tourner vers moi, Quel âge as-tu en fait ?, demanda-t-elle.

    Cela n'a pas d'importance, répondis-je, amusé par cet inversement de rôle.

    Elle me regarda en fronçant les sourcils, l'air offensée. Puis elle détourna la tête et alla s'allonger au milieu du canapé lit, regardant le toit du wagon.

    Tu dois avoir dix-sept ans environ, comme moi, lança-t-elle.

    On ne peut rien te cacher dis-donc, répondis-je en la regardant.

    Elle me fit signe de la rejoindre, mais je ne bougeai pas. Elle inspira profondément avant de soupirer.

    Je n'avais jamais eu d'ami avant toi, dit-elle en me regardant. Est-ce normal cette sensation bizarre dans mon ventre à chaque fois que tu es là ? Qu'est-ce que cela pourrait bien être ? Est-ce que tu as la même sensation avec ton ami ?

    Des papillons dans le ventre, voilà ce que c'était. J'avais la même sensation effectivement, mais pas avec Stann, seulement avec elle. Je ne savais jamais comment réagir avec elle, ayant constaté qu'elle pouvait ressentir beaucoup de chose, la peur de la vexer, de la rendre triste ou de l'énerver est omniprésente, après tout nous n'étions pas exactement pareils, je ne savais pas comment elle pouvait agir si elle ressentait trop de sentiments à la fois, mais j'avais envie de le savoir. Je vins finalement m'allonger près d'elle, regardant le toit tout comme elle. Elle se tourna de mon côté, et je fis de même.

    Quand vas-tu devoir aller au lycée ?, demanda-t-elle.

    À partir de lundi, après demain, répondis-je, contrarié à l'idée qu'il restait si peu de temps.

    Elle s'avança vers moi de sorte que son front touchait mon épaule, m'envahissant d'une sensation enivrante qu'elle ressentait elle aussi, j'en étais sûr, car je la sentis sourire. Puis, elle ferma les yeux.

    Je vais dormir un peu, tu peux partir si tu le souhaite, mais j'aimerais que tu reste un peu, juste le temps que je m'endorme au moins.

    D'accord, répondis-je, ne souhaitant pas non plus partir, voulant profiter le plus possible de la sensation.

     

    Mais peu à peu, je sentis la fatigue s'installer en moi. Et je ne saurais dire si je me suis endormis avant elle, ou si elle dormait déjà.


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  • Lorsque je me réveillais, elle n'était plus là. Je m'étirai avant de songer à savoir où elle avait bien pu aller. Me levant, j'observe la pendule suspendue au-dessus de ce que l'on pourrait appeler une porte, celle par laquelle j'étais entrée, n'étant pas fermée.

    Laédia ? dis-je, doucement.

    Aussitôt, quelqu'un couvrit ma bouche de derrière. J'essayais de me débattre et finis par mettre brutalement mon adversaire dos contre le mur, avant de découvrir le visage de Laédia.

    Mais qu'est-ce qui t'as pris de faire ça ? M'exclamai-je.

    Je constatai que ses traits étaient déformés par la peur, et sentis son cœur battre la chamade contre ma poitrine. Était-ce à cause de moi ? Je remarquai ensuite qu'aucune sensation ne m'avait envahi comme à chaque contact jusqu'à maintenant. Je la regardai, attendant une réaction de sa part quand j'entendis un homme parler d'une voix rauque hors du wagon, puis un autre à la voix toute aussi grave.

    C'est bon attache-le on l'emmène, dit l'un d'entre eux.

    Je me séparai de Laédia pour glisser jusqu'à la fenêtre la plus proche. Sans trop me pencher sur la scène qui se déroulait non loin de nous, j'observai attentivement. Deux hommes en uniforme d'agent de sécurité bleu marine avec l'insigne du château du Grand Gardien avaient arrêté un jeune de la même tranche d'âge que nous à mon avis. L'un d'eux passa des menottes aux poignets du jeune garçon qui paraissait à la fois terrifier et sûr que personne ne pouvait plus rien pour lui. Laédia me rejoignit et laissa échapper un hoquet stupeur tellement bruyant que l'un des deux hommes en uniforme se retourna, nous eûmes juste le temps de disparaître derrière le mur. Cela ne suffit pourtant pas à tromper les sens de ce dernier.

    T'as entendu ça ?, dit-il à son équipier.

    Non quoi ?, lui répondit l'autre.

    Il y a quelqu'un là-dedans, dit-il en désignant le wagon où nous nous cachions du menton. Allons voir, ajouta-t-il.

    Des pas se mirent à retentir, venant dans notre direction. Je jetais un œil à Laédia derrière moi, et je vis une lueur d'adrénaline passer dans ses yeux. Puis, elle se jeta au sol et se mis à marcher à quatre pattes vers l'autre partie du wagon. Ne sachant que faire d'autre, je la suivis. Elle se redressa devant une grande armoire et en ouvrit les portes.

    Tu n'es quand même pas sérieuse ? Il vont nous trouver à coup sûr là-dedans !, chuchotai-je en perdant mon sang-froid petit à petit.

    Pour qui me prends-tu ? Je ne suis pas idiote ! Cette armoire a un double fond !, me répondit-elle en ouvrant le fond de l'armoire caché derrière de vieux vêtements. Suis-moi, ajouta-t-elle en se glissant à l'intérieur.

    Les gardes, s'ils en étaient, se rapprochaient de plus en plus et je les entendis chuchoter à quelques pas de l'entrée du wagon. Je m’engouffrai rapidement à l'intérieur de l'armoire puis atteignis le double fond que j'avais estimé largement moins grand. Laédia referma la porte de l'armoire et la grande planche qui nous effacerait à la vue de n'importe qui.

    Seuls les grincements sous les pas des deux hommes troublaient le silence qui s'était installé. Laédia et moi nous regardions, avec, j'en étais sûr, le même affolement à l'idée que nous soyons repérés. Je songeais un instant à tenir sa main afin d'effacer cette peur de son visage qui, je ne sais pour quelle raison, me déchirait le cœur. Je me rappelai cependant qu'à notre contact toute à l'heure, rien ne s'était produit, ce phénomène étant peut-être brouillé par la panique.

    Je revins brusquement au moment présent lorsque la porte de l'armoire s'ouvrit. Je regardai Laédia et eus juste le temps de mettre une main sur sa bouche pour étouffer son cri, en essayant de lui faire comprendre que tout irait bien, et je l'attirai à moi. Or, je n'en étais pas convaincu moi-même. Je me dis cependant qu'en gardant mon sang-froid, j'arriverais à lui faire retrouver son calme.

    Il n'y a rien ici !, cri l'un des gardes en claquant la porte de l'armoire, ce qui nous fit sursauter. Je distinguai alors une lueur d'espoir dans les yeux de Laédia. J'aurais pu me perdre dans la contemplation de ces derniers mais la situation m'obligeait à rester attentif à ce qui se passait derrière les portes qui nous protégeaient.

    Dépêches-toi alors, on a un prisonnier, je n'ai pas envie qu'il me traîne dans les pattes plus longtemps, on reviendra plus tard pour surveiller les environs !, lui répondit l'autre garde.

    Sur ces dernières paroles, nous entendîmes le bruit de leur pas de plus en plus lointain. Nous n'avons toutefois pas bougé malgré leur départ. Je sentais le cœur de Laédia battre toujours trop vite, même après que les gardes soient partis. Je réalisai alors que ce n'était pas le sien qui battait si rapidement, mais bien le mien. Nous restâmes alors de longues minutes ainsi. Une fois que mon rythme cardiaque eut diminué, je pris une grande inspiration et libéra Laédia.

    J'ai crus que tu n'allais jamais me lâcher, dit-elle avec un sourire plein de sous-entendus, avant de dégager la planche et de quitter l'armoire. L'avais-je retenue sans m'en rendre compte ? Après quelques secondes, je sortis enfin et me dirigeais vers la sortie où elle m'attendait. Je la regardai gêné, elle ne dû pas l'apercevoir car elle rompu le silence aussitôt.

    Je ne pourrais définitivement plus venir ici !, dit-elle sur un ton de regret.

    Tu as besoin d'un endroit où aller ?, hésitai-je.

    Un bref sourire apparu sur son visage à cette idée mais il s'évanouit aussi vite qu'il était venu.

    C'est très gentil de ta part mais avec ton ami qui te soupçonne de lui cacher quelque chose, je ne pense pas que c'est une bonne idée ! Mais ne t'en fais pas, Chicago est remplie de coin abandonnés !, me dit-elle avec un clin d’œil.

    Je n'aimais pas cette idée, mais elle avait raison. Stann se pose déjà assez de question à mon sujet. Si en plus je ramène une fille à l'appart sans qu'il me soit possible de lui expliquer pourquoi, il va croire que je débloque complètement.

    Chicago n'est pas très sûre la nuit, surtout après la scène à laquelle nous avons assister..., lançai-je.

    Je sais mais je n'ai pas d'autres choix. Je connais des jeunes qui squattent quelques endroits pas si loin d'ici. Je connais l'un d'eux et il me doit un service, c'est peut-être l'occasion de me le rendre !, dit-elle plus rassurée.

    En effet, je l'étais aussi. Je préférais la savoir en compagnie d'autres personnes que seule. Je fais un pas dans le wagon afin de consulter l'heure, et à ma grande surprise, il était midi passé. Laédia dû percevoir l'affolement sur mon visage car elle me sourit tout en se moquant.

    Tu dors comme un enfant !, lâcha-t-elle en riant.

    Tu m'as regardé dormir ?, lui demandai-je, ouvrant grand les yeux, surpris.

    Elle paru soudain gênée car son sourire disparut de son visage et elle rougit. Ce fût à mon tour de sourire.

    Prise la main dans le sac, lui lançai-je.

    Pas exactement, dit-elle en retrouvant son sourire. Et tu n'as aucune preuve de ce que tu avance de toute façon, finit-elle.

    J'aurais apprécié continuer sur ce terrain là, mais il fallait que je rejoigne Stann au plus vite avant qu'il ne décide de partir à ma recherche. On avait un peu de mal avec la technologie, celle qui abrutissait totalement les humains.

    Aller, file !, me dit-elle.

    Où est-ce qu'on peut se retrouver ?

    J'avais posé la question sans réfléchir. Elle parut tout aussi surprise que moi et une lueur passa dans son regard avant qu'elle ne me réponde. Ses lèvres s'élargirent en un sourire radieux.

    Demain soir, là où tout a commencé !

    Elle tourna les talons et me jeta un dernier regard avant d'ajouter.

    Mais qui sait si nous ne nous croiserons pas avant !, puis elle s'éloigna rapidement.

    Je traînai tout l'après-midi dans Chicago, pensant à la journée qui m'attendait demain. Une fois rentré, je trouvai Stann assis sur le fauteuil du salon, guettant l'entrée, ou plutôt mon arrivée.

    Comment elle s'appelle ?

    Il avait posé cette question avec un sérieux que je n'avais pas l'habitude de voir sur son visage et qui me déstabilisait. M'avait-il vu avec Laédia ? Avait-il deviné qui elle était ? Je n'eus pas le temps de me poser plus de question que Stann se mit à rire aux éclats.

    Tu verrais ta tronche en ce moment !, lâcha-t-il toujours en riant.

    Un soulagement m'envahit. Stann n'était que rarement capable d'un tel sérieux, et quand c'était le cas, il y avait une bonne raison. J'étais plus habitué à son manque total de gêne. Je me détendis enfin. Stann arrêta cependant de rire, remarquant mon silence.

    Non vraiment ? Y a une fille dans l'histoire ?, dit-il, surpris et à la fois impatient à l'idée que je puisse avoir quelque chose à lui raconté à ce sujet.

    Tu sais très bien qu'on ne fréquente pas les humains, même si rien ne nous l'interdit, c'est un choix que nous avons fait, répondis-je.

    Donc elle n'est pas humaine ! Est-elle comme nous, une gardienne ?, dit-il tout excité.

    J'ouvris la bouche pour lui répondre, mais rien ne pouvait en sortir. Il avait raison, mais je ne pouvais rien lui dire. Je pu lire sur son visage qu'il était fière d'avoir deviné. Cependant, je ne dis rien et me dirigeai vers ma chambre.

    Tu as raison vas dormir, ta nuit a dû être mouvementée !, me lança-t-il depuis le salon.

    Il avait tort au sujet de ma nuit, j'avais bel et bien dormis. Pourtant, j'éprouvais un tel besoin de dormir qu'une fois affalé sur mon lit, je fermai les yeux et sombrai dans le sommeil.

    Une alarme retentit, si puissante qu'elle me réveilla. Je regardai autour de moi à mesure que cette alarme perdait son intensité jusqu'à ce qu'elle soit constante. Je découvrais alors en tournant la tête vers ma table de chevet qu'il s'agissait simplement de mon réveil, qui me sortirait du sommeil ainsi tous les matins à partir d'aujourd'hui, à sept heure tapante. Car aujourd'hui, c'était notre premier jour au lycée. J'entendis un bruit en provenance de la chambre de Stann, ce dernier a dû envoyer valser son réveil, ce qui ne m'étonnerait même pas. Je décidai alors d'un pas lent d'aller sous la douche, n'étant pas surexcité à l'idée de passer la journée avec des imbéciles, et en masse.

    Une fois préparé, je rejoins Stann au salon qui m'attendait. Nous nous regardâmes et poussâmes le même soupir d'exaspération.

    Quand il faut y aller, il faut y aller !

    Il avait malheureusement raison. Il poussa donc la porte, sortit, et je l'imitai.

    Une fois descendus, nous devions longer Michigan Avenue et traverser East Randolph Street pour rejoindre East Lake Street, et donc le lycée Harold Washington. Le trajet, silencieux malgré tous les soupirs que poussait Stann, dura environ une dizaine de minutes, nous avions traîné, retardant ce moment un maximum. Quand nous fûmes à l'intérieur, à huit heure onze, nous nous dirigeâmes vers un bureau où il était indiqué « Administration ». Une femme à lunettes peu commode leva des yeux exaspérés sur nous.

    Bonjour, nous sommes nouveaux, nous intégrons cet établissement aujourd'hui, dis-je.

    Vos noms, lança-t-elle en reportant son attention sur son ordinateur.

    Nous n'avions tellement pas l'habitude des les utiliser qu'il nous arrivait parfois de les oublier.

    Hayden Hales et Stann Reeds, lança Stann sur le même ton qu'elle, ce qui nous donna droit à un regard qui disait que nous devions nous méfier.

    Elle pianota quelque chose sur son ordinateur, probablement nos noms, et releva la tête après quelques secondes.

    Quelle chance vous êtes dans la même classe, dit-elle avant d'ajouter, Première B, cours de bio troisième étage salle 210.

    Elle nous donna ensuite un papier avec pour consigne de le remettre au professeur, Madame Wesley.

    Nous partîmes alors sur notre gauche, nous dirigeant vers un escalier. À peine avions-nous fait deux pas que l'administratrice nous interpella. Nous retournâmes alors la voir. Avions-nous déjà commis une erreur ?

    Prenez l'ascenseur, dit-elle en désignant ce dernier à sa droite, vous êtes déjà en retard, ajouta-t-elle en nous fusillant du regard.

    Nous prîmes alors l'ascenseur, et montâmes au troisième étage. Arrivés à la porte 210, Stann frappa à la porte. Une femme dans la trentaine nous ouvrit la porte et nous regarda d'un air interrogateur.

    Bonjour, dis-je, l'administratrice nous a donner ça pour vous, ajoutai-je en lui tendant le papier.

    Nous sommes nouveaux, repris Stann.

    Oh bien excusez-moi entrez !, dit-elle en nous souriant.

    Nous entrâmes et Mme Wesley nous fit signe de rester avant d'aller nous asseoir.

    Saluez nos deux nouveaux élèves, Stann Reeds et Hayden Hales, lança-t-elle à toute la classe avant d'ajouter, Laédia félicitation tu ne seras plus la nouvelle !

    À son nom, mon cœur fit un bon dans ma poitrine. Était-ce une coïncidence ?

    L’interpellée releva alors la tête et son visage s'illumina à ma vue. Pas de coïncidence, c'était bien elle. Elle m'adressa un signe de la main tout en me souriant.

    Non alors c'est elle la fille avec qui t'as passé la nuit ?!

     

    Tout s'arrêta autour de moi. Laédia rougit à ces paroles et après un long silence et un regard désapprobateur de Mme Wesley à Stann, des éclats de rires traversèrent la salle de classe. Venait-il vraiment de dire ça ?


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  • Nous étions définitivement dans le collimateur de Mme Wesley. Après nous avoir fait installer au fond de la classe un rang derrière Laédia, elle n'avait cessé de nous envoyer des regards qui nous obligeaient à rester tranquille. Cette heure passait tellement lentement que je commençai à m'inquiéter pour toutes celles qu'il nous restaient avant la fin de la journée. Quand la fin de celle-ci fut enfin venu, je remballai le peu d'affaires que j'avais emporté pour cette première journée, soit des feuilles et une trousse comportant quelques stylos. Je m'empressai à la sortie afin de retrouver Laédia, laissant Stann derrière moi. Lorsque j'atteignis enfin cette dernière, je lui saisis le bras et un courant de paix m'envahit. Comment avais-je pu oublier cette sensation ? Même si elle ne s'était pas déclenchée à deux reprises, elle était toujours la même, apaisante, telle que je ne parvins pas à lâcher le bras de Laédia. C'est lorsque que je relevai la tête que j'aperçus cette dernière qui me dévisageait. Son regard traduisait quelque chose d'indéchiffrable et mes yeux plongeaient dans les siens. Nous restâmes ainsi de longues secondes, sans que je ne puisse m'en lasser, cette sensation ne nous quittait pas, je voyais sur le visage de Laédia qu'elle la ressentait elle aussi. Elle finit cependant par se dégager et reprendre ses esprits, ce que je m'obligeai à faire aussi malgré mon envie de ressentir cette paix intérieure encore un peu. Nous n'étions jamais resté ainsi aussi longtemps, ce qui me déstabilisa.

    Il faut qu'on parle de ça, lui dis-je à voix basse.

    Ses yeux étaient toujours rivés sur les miens et je ne réussis pas à m'en détacher, une force puissante et invisible m'en empêchait.

    On en parlera ce soir, répondit-elle toujours avec cette même expression dont je n'arrivais pas à saisir le sens.

    Je parvenais cependant à deviner un certain stress à sa façon d'agir. Elle avait l'air pressée de s'en aller, l'air de ne rien vouloir me dire. Mais pour quelle raison ? Cette sensation la faisait-elle souffrir en réalité ? Son visage disait pourtant tout autre chose, tout portait à croire qu'elle ressentait la même chose que moi pendant ce courant qui nous parcourait. Pourtant, l'expression qu'elle avait en ce moment cachait autre chose, et ses pensées étaient impénétrables. Nous nous étions rencontré il y a quelques semaines seulement, mais j'avais l'impression de la connaître depuis tellement plus longtemps.

    Vous allez vous regarder dans le blanc des yeux encore longtemps comme ça ?

    La voix de Stann nous ramena immédiatement à l'instant présent.

    Moi c'est Stann, dit-il à Laédia en lui tendant la main.

    Laédia, répondit-elle sans tenir compte de la main tendue de mon ami, qui n'insista pas.

    Avait-elle évité de lui serrer la main par crainte qu'il se passe la même chose avec lui ?

    Alors comme ça, vous vous connaissez ?, parvint-il à articuler après un silence de quelques secondes.

    Ce n'est pas du tout ce que tu imagines, lui lança-t-elle gênée, évitant mon regard, faisant exprès de ne pas tenir compte de ma présence.

    Cette réaction témoigne qu'il y a donc du vrai dans ce que j'ai dis, dit-il, ses lèvres s'élargissant en un sourire fier.

    On va être en retard, dit-elle avant de se retourner et partir.

    Stann et moi nous sommes regardé avant de comprendre que si elle était dans notre classe, il valait mieux la suivre avant de la perdre de vue.

    La sonnerie de la dernière heure de cours retentit enfin. Cela ne faisait qu'une journée que nous étions là que cette sonnerie me tapait déjà sur les nerfs. Cette journée avait été pire que je ne l'avais imaginée. Stann et moi quittâmes le lycée plus vite que nous y étions arrivés. J'adressai un signe de main à Laédia à la sortie, tout en sachant que je la reverrai dans quelques heures.

    Ça fait un moment qu'on a pas fait notre ronde du soir, il faudrait peut-être s'y remettre tu ne crois pas ?, me demanda Stann sur le chemin du retour.

    Réalisant qu'il avait raison, j’acquiesçai.

    On devrait peut-être se séparer d'ailleurs, nous allons toujours au parc, peut-être que l'un de nous devrait surveiller le parc et l'autre les rues alentoures, non ?, demandai-je à mon tour avec l'idée de pouvoir parler à Laédia sans me préoccuper de la présence de Stann.

    Oui tu as raison, répondit ce dernier sans protester à ma grande surprise, ça pourrait être plus efficace, ajouta-t-il.

    Je prends le parc et toi les alentours ? Je pense que tu pourrais commencer par Madison Street, repris-je, estimant notre rue assez loin pour être tranquille dans le parc, il fallait absolument que je parle à Laédia sans craindre d'être interrompu.

    Ça marche pour moi !, répondit-il.

    Nous arrivâmes chez nous plus vite que nous l'avions imaginé, fatigué de cette journée. Nous décidâmes, après avoir terminé le travail donné par nos professeurs, de descendre au Starbucks en bas de l'immeuble pour dîner. Je commandai un sandwich au poulet avec un orangina et Stann, hésitant, prit la même chose que moi. Une fois installé à notre table habituelle, dans le coin à droite près de la sortie, nous commençâmes à manger. Nous avions choisi cette place, la première fois que nous sommes venu, parce que la vue était assez agréable.

    Où tu l'as rencontrée ?, demanda soudain Stann sans avoir besoin de préciser de qui il parlait.

    Dans le Millennium Park, dis-je en désignant ce dernier du menton par la fenêtre.

    Et ça fait longtemps ?, m'interrogea-t-il de nouveau.

    Quelques semaines seulement, lui dis-je, devinant qu'aucune de mes réponses ne satisferaient pas sa curiosité.

    Vous m'avez fait flipper au lycée, depuis combien de temps vous vous regardiez comme ça ? Vous étiez comme possédés ! Et est-ce que c'est une gardienne ?, enchaîna-t-il.

    Non elle ne l'est pas, lançai-je, ne sachant quoi répondre et ignorant son commentaire sur ce qui s'était passé au lycée.

    Stann passa le reste de la soirée à m'interroger sur Laédia et sur nos activités de la nuit où je n'étais pas rentré. Je dû lui mentir, et je n'aimais pas vraiment ça. Nous quittâmes le café un peu après onze heure et nous séparâmes pour faire notre ronde.

    Je décidai de me diriger vers le Could Gate, une sculpture entièrement miroitée formant un haricot géant sous lequel on pouvait circuler et même s'installer tranquillement. À cette heure là, l'attraction était fermée, nous ne serions donc pas dérangés. Je me demandai soudain comment elle pourrait me trouver, mais quelque chose me disait qu'elle y parviendrait sans problème. Je pénétrai sous ce haricot géant et observai mon reflet en songeant à ce qui avait bien pu donner l'idée à Kapoor de créer une telle œuvre. Je n'aperçus pas la silhouette qui se glissa derrière et me plaqua contre la façade du Could Gate.

    Ta mise en scène est tombé à l'eau au moment où tu m'as touché ma chère !, lançai-je à mon agresseur.

    Ce n'était peut-être qu'une excuse, cette mise en scène, me répondit-elle.

    Je me retournai alors pour contempler son visage où se dessinait un sourire provocateur ce qui me fit sourire à mon tour. Elle me mettait de bonne humeur et j'avais envie de me comporter différemment avec elle, comme si nous pouvions nous soucier de rien.

    Je n'ai jamais été sûr à cent pour cent que tu ressente aussi cette sensation, dis-je en m'avançant vers elle au fur et à mesure qu'elle reculait jusqu'à atteindre la façade opposée. Tu ne peux pas t'échapper, chuchotai-je en posant mes mains sur la face miroitée de façon à ce qu'elle ne puisse s'en aller.

    Je m'abandonnai alors à la vue de ses yeux bleus, ne remarquant pas l'accélération des battements de mon cœur. Quelque chose d'irréel m'attirait en elle, me donnait envie de la serrer contre moi sans plus jamais la lâcher. Elle avait l'air à la fois si fragile et tellement forte. Elle m'hypnotisait. Un éclat de rire, plutôt le sien, me ramena à moi.

    Tu devrais voir ta tête !, lança-t-elle toujours en riant.

    Voilà deux fois que j'entendais ça, à croire que j'étais vraiment drôle à voir. Elle s'adossa à la façade, joignant ses mains derrière son dos.

    Dis, il y a quelque chose qui m'intrigue, commença-t-elle. Lorsque nous étions dans le wagon, je n'ai ressentis aucune sensation à ton contact, en as-tu ressentis une ?, demanda-t-elle.

    Non j'ai pensé sur le moment que c'était peut-être dû à la peur que tu éprouvais, répondis-je doucement, remarquant que mes mains étaient toujours au même endroit depuis toute à l'heure et décidant malgré tout de rester ainsi.

    Elle se redressa tout en ne me quittant pas des yeux, et je réalisai à quel point nous étions proches l'un de l'autre. Je pouvais à présent sentir son souffle sur mon visage.

    Puis-je essayer quelque chose ?, demanda-t-elle hésitante.

    Vas-y, répondis-je.

    Elle glissa alors ses mains dans mon dos et posa sa tête sur mon torse. J'ai par la suite été submergé par un océan de sensations, comme si celles que j'avais ressentis jusqu'à maintenant au contact de Laédia n'en avait été qu'une infime goutte. J'eus l'impression de renaître et je crains soudain ne plus être capable de vivre sans, comme si je dépendais uniquement d'elle. Je fermai les yeux puis resserrai mes bras autour de Laédia comme pour m'imprégner de cette sensation qui créa un feu d'artifice au plus profond de mon être, comme si quelque chose en moi s'était libéré, comme si j'avais été prisonnier pendant longtemps et que je revoyais enfin la lumière du jour.

    Laédia se dégagea soudainement, me faisant revenir brusquement à moi. Ouvrant les yeux, je découvris son regard inquiétant posé sur moi. Je réalisai alors que le feu d'artifice que je sentais émerger au fond de moi, émergeait en réalité de moi, sortant de mon corps, faisant apparaître des millions d'étincelle.

    N'avais-tu pas les yeux bleus foncés ?, me demanda Laédia, toujours inquiète.

    Je clignai alors des yeux, la regardant sans comprendre ce qu'elle disait mais aussi ce qui m'arrivait.

    De quelle couleur sont-ils ?, demandais-je après un moment.

    Je croyais les avoir vu argentés j'ai dû rêvé, ajouta-t-elle en me dévisageant.

    Je me sentais bizarre, y avait-il un rapport avec notre contact ?

    Tu as dis que tu pourrais m'expliquer pourquoi un tel effet se produisait lorsque nous établissions un contact physique, hésitai-je.

    On l'appelle l'Apaisement, répondit-elle. Il ne subvient que dans des cas tellement rares, je pensais ne jamais pouvoir le vivre, il touche si peu de gens. Je ne sais pas quoi dire... Il est censé lier deux personnes d'une quelconque manière, je ne sais pas grand chose de plus dessus à part que seules les personnes comme moi en ont la capacité et qu'il ne peut y avoir qu'une personne avec qui il peut se déclencher. En fait, ce phénomène me fait un peu peur..., conclut-elle.

    Et pour la sphère blanche qui était apparue dans nos mains, dis-je en regardant la paume de ma main, essayant de me souvenir de l'effet qu'elle avait déclenché

    Elle est le lien même de l'Apaisement entre les deux personnes. Une fois cette sphère blanche séparée en deux, nous devons nous les échanger et les faire pénétrer dans notre corps, finit-elle.

    Et que se passe-t-il ensuite ?, demandai-je intrigué.

    Cela crée une alliance entre nos âmes en quelques sortes, permettant à ce lien de durer éternellement sans qu'il ne puisse être rompu par quoique ce soit, répondit-elle avant de me tourner le dos.

    Mais qu'est-ce qui te met dans cet état exactement ?, l'interrogeai-je.

    Elle se tourna alors de nouveau vers moi, les yeux humides.

    Ce lien peut devenir tellement fort qu'il peut entraîner la folie chez l'une des deux personnes jusqu'à ce que celle-ci ne veuille plus vivre, c'est déjà arrivé, répondit-elle.

    Une larme roula sur sa joue et j'essuyai cette dernière avant de remonter son menton afin qu'elle me regarde.

    Mais ça ne nous arrivera peut-être pas, et nous ne sommes pas obligé de créer ce lien, si ?, demandai-je.

    Si nous décidons tous les deux de ne pas créer ce lien, l'Apaisement s'inversera en une douleur insoutenable, dit-elle. J'avais une sœur, lâcha-t-elle. Elle avait établit ce lien avec le garçon avec lequel elle avait découvert l'Apaisement. Lorsqu'il est mort, elle a tellement souffert que la sphère blanche qui était en elle depuis longtemps a explosé et elle est morte sur le coup, et jamais cette image ne s'est effacée de ma mémoire. J'ai vraiment peur, répondit-elle.

    Je cherchai quelque chose à dire afin de la consoler et la rassurer mais ma recherche dû s'arrêter. Laédia se tordit brusquement et cria de douleur. Je me précipitai pour la retenir ne sachant que faire d'autre que l'appeler, crier son nom pour qu'elle me réponde. Sa respiration s'était arrêtée et des larmes coulaient sur son visage. Elle pâlit, sans que je ne puisse faire quoique ce soit. Elle retrouva ensuite sa respiration, les battements de son cœur toujours rapide. Elle se redressa, tentant de respirer normalement.

    J'avais espéré que tu n'assiste jamais à ça, réussit-elle à articuler.

    Que s'est-il passé ?, demandai-je, inquiet.

    Une Infraction vient d'être commise non loin d'ici, voilà l'effet qu'elles produisent sur moi, dit-elle, reprenant son souffle. Mais la personne est morte, je ne me sentirais pas mieux si ce n'était pas le cas, allons voir, ajouta-t-elle.

    Je la suivis alors jusqu'à découvrir le corps inerte d'une adolescent qui devait avoir notre âge.

    Le spectre ne doit plus être dans les parages, je sentirais sa présence, chuchota Laédia.

    J'appliquai alors la procédure pour faire disparaître le corps du garçon. Je fermai les yeux et me concentrai pour faire apparaître la sphère bleue. Laédia laissa échapper un hoquet de surprise qui me poussa à ouvrir les yeux. En effet, j'étais moi aussi étonné en découvrant une sphère argentée au lieu d'une bleue. Je refermai alors la main pour la faire disparaître et recommencer. Je répétait mon geste et rouvrit les yeux, mais la sphère était toujours argentée.

    Il me semble que tes yeux étaient de la même couleur toute à l'heure, me dit Laédia toujours en chuchotant.

    Je relevai alors la tête pour la regarder, comment mes yeux auraient-ils pu changer de couleur ? Je vis alors ses yeux s'élargir.

    Je t'assure ne me regarde pas comme ça ! Ils le sont encore en ce moment d'ailleurs, dit-elle émerveillée.

    Elle s'approcha alors pour mieux regarder. Elle prit mon visage entre ses mains et plongea son regard dans le mien.

    C'est tellement magnifique, c'est hypnotisant, lâcha-t-elle.

    Effectivement elle avait l'air hypnotisée. Je clignai alors des yeux et elle parut déçu.

    Tu ne veux pas le refaire ?, me demanda-t-elle en sortant son plus joli sourire.

    Désoler je ne le contrôle pas, dis-je. Mais je crois qu'il y a quelque chose de plus important en ce moment, ajoutai-je.

    Oui excuse-moi tu as raison, dit-elle. Je pense que tu devrais quand même essayer malgré la couleur de la sphère.

    Mais je ne sais pas s'il peut y avoir des conséquences, dis-je, réalisant qu'il était mort et donc que rien de pire ne pourrait plus arriver.

    Je me concentrai de nouveau et fis apparaître une sphère, toujours argentée. Je m'agenouillai près du garçon aussi jeune que nous et posa la sphère sur sa poitrine. Je regardai cette dernière y pénétrer, attendant une quelconque réaction, qui ne vint pas.

    C'est étrange, il devrait se passer quelque chose, chuchota Laédia en s'agenouillant près de moi.

    Je n'eus pas le temps de lui répondre. Le corps inerte commençait désormais à s'animer et le jeune garçon fut prit d'une quinte de toux. C'est alors qu'il se redressa et nous regarda, Laédia et moi à tour de rôle.

    Que s'est-il passé ?, demanda-il déconcerté.

    Laédia et moi nous regardâmes, interloqués. Comment était-ce possible ? Cette sphère argentée avait donc le pouvoir de redonner vie aux corps vidés de leur âme ?

    Tu t'es évanouis, nous étions tout près alors nous sommes venu, menti Laédia.

    Que faisais-tu avant de t'évanouir, tu t'en souviens ?, demandai-je.

    Je cherchais mon chat, il s'est enfuit après que je l'ai grondé, mais il ne s'enfuit pas comme ça d'habitude je ne comprends pas il est introuvable, dit-il tristement.

    C'est alors que je sentis quelque chose frotter mon genoux, une boule de poils tigrée grise révéla le bout de son nez.

    Stann te voilà enfin !, s'exclama le garçon en prenant le chat dans ses bras.

    Je manquai m'étrangler en essayant de ne pas éclater de rire en entendant le nom de son chat, pensant à mon ami qui aurait probablement été vexé.

    Je vous remercie pour votre aide, nous dit le garçon heureux d'avoir retrouvé son chat. Mais il faut que je rentre maintenant, ajouta-t-il en se levant et s'éloignant. Au revoir, nous cria-t-il en nous faisant un signe de main.

    Laédia et moi nous regardâmes de nouveau. Cela faisait en effet beaucoup à assimiler pour une simple soirée. Tout d'abord, elle m'avait parlé de l'Apaisement et de ce qu'il impliquait. Il m'était ensuite arrivé quelque chose d'étrange sous le Could Gate, ensuite était venu la sphère argentée et apparemment mes yeux changeaient de couleur. Et pour finir, un garçon innocent se faisant attaquer par un spectre.

    Je ne comprends pas, j'ai pourtant ressentis une Infraction, me dit Laédia qui s'assied au sol.

     — Un spectre l'a peut-être cru, peut-être que ce garçon était en colère d'avoir perdu son chat, je ne sais pas, lui répondis-je en m'asseyant près d'elle.


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