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Chapitre 7
Je n'imaginais pas la voir ici, l'ayant cherchée quand même et ce, en me disant que mon esprit devait me jouer des tours. Elle était pourtant bel et bien là. Cependant, quelque chose avait changé chez elle. Je ne pu savoir ce que c'était avant qu'elle ne sorte complètement de sa cachette, rassurée de voir que c'était moi. Ses cheveux avaient été coupés juste au-dessus des ses épaules, ce qui avec le volume de sa chevelure lui donnait un air très séduisant. Je secoue la tête à cette pensée. Sa tenue aussi avait changée. Sa robe de coton blanche avait fait place à un pull blanc entièrement orné de dentelle de la même couleur. Elle avait un jean slim noir délavé et légèrement déchiré aux genoux, ainsi que des converses noires basses. Elle me paraissait tellement... Normale. Ce qui me fascinait encore plus ; elle savait, malgré sa nature, se transformer de sorte que personne ne la soupçonne de rien. Elle fit la grimace, cela faisait déjà quelques minutes que je la dévisageais.
— Cela ne te plais pas ?, finit-elle par me demander d'un air déçu.
— Mon avis est-il vraiment important ?, répondis-je.
— Un peu oui... Tu es mon seul ami Hayden, dit-elle après une hésitation en me lançant un regard gêné.
Je m'approche d'elle et saisis la pointe d'une de ses mèches de cheveux, d'un blond qui me semblait de plus près plus éclatant.
— J'aime beaucoup, répondis-je, sans la regarder et entrelaçant sa mèche entre mes doigts.
Je retirai ma main soudainement, jugeant ce geste trop intime. Elle sourit néanmoins. De sa main, elle ébouriffa mes cheveux que je me donnais tant de mal à coiffer.
— Les tiens ne sont pas mal non plus !, dit-elle en riant.
Quelque chose avait aussi changé dans son humeur, elle se révélait être plus vivante. Mal à l'aise, je décidai de changer de sujet.
— Qu'est-ce que tu peux bien faire ici ?, dis-je en regardant autour de nous dans le wagon de métro.
— C'est ici que je passe le plus clair de mon temps, dit-elle en haussant les épaules et inspirant tout l'air qu'elle pouvait, quand je ne suis pas...
— Quand tu n'es pas quoi ?, m'étonnai-je.
— Aucune importance, lâcha-t-elle en allant s'asseoir sur un semblant de canapé déplié en lit.
Intrigué, je la rejoins et m'assieds à côté d'elle.
— Et toi qu'est-ce que tu fais ici, c'est chez moi là, annonça-t-elle en me donnant un coup d'épaule qui provoqua une trop brève sensation paisible.
— J'ai été convoqué, répondis-je en repensant à notre punition.
— Et qu'est-ce que Rufus a bien voulu te dire à cette période de l'année ?
— Suite à un... Incident, repris-je, il a décidé que nous devions, mon ami et moi, nous intégrer à la communauté, dis-je pour reprendre ses mots.
— Et comment allez-vous vous intégrer ?, demanda-t-elle avec curiosité.
— En allant au lycée qui se situe à quelques rues de celle où je vis, si ce n'est pas ridicule comme idée.., dis-je agacé.
Elle me regarda, écarquillant les yeux et éclatant de rire. Je ne m'attendais pas du tout à une telle réaction de sa part. Qu'est-ce qui pouvait bien être drôle ? Se moquait-elle de moi ?
— Ce n'est pas si ridicule que ça comme idée, reprit-elle.
— Être entouré d'humains qui ne se soucient que de leur petite personne à longueur de temps pourrait vite devenir agaçant...
— C'est justement parce qu'ils n'ont besoins de se soucier de rien que je les envie, dit-elle le regard loin, effaçant toute joie sur son visage.
— Comment tu peux dire ça ? Tu es toi-même contre tout ce qu'ils font, surtout pour leur comportement envers les animaux !, lâchai-je, très surpris par cet aveux.
— Je ne dis pas que leur façon d'agir est la bonne, seulement, si on y réfléchit bien, ils sont libre, ils n'ont pas à se préoccuper de choses aussi graves que nous...
Je décidai de la laisser poursuivre, devinant qu'elle en avait encore à dire.
— J'aurais beaucoup aimé avoir une vie normale tu sais... Sans pour autant être d'accord avec tout ce que font les humains, je sais que si je n'avais pas été gardienne, je n'aurais jamais maltraité d'animaux sans défenses. Je ne regrette pas d'avoir acquis des pouvoirs en tant que spectre, si je peux dire, car ils m'ont libérée de l'emprise de Rufus, mais ne considère pas le fait d'aller au lycée pour une punition, tu pourrais t'y plaire plus que tu ne l'imagine.
— Comment peux-tu en être aussi sûre ?, lui demandai-je, m'opposant à cette idée.
— Cela n'a pas d'importance, répondit-elle avec un petit sourire que j'arrivais à peine à discerner. Le lycée est un établissement rempli de gens de notre âge qui ne s'occupe pas de perturber nos harmonies, dit-elle avant de marquer une pose et se tourner vers moi, Quel âge as-tu en fait ?, demanda-t-elle.
— Cela n'a pas d'importance, répondis-je, amusé par cet inversement de rôle.
Elle me regarda en fronçant les sourcils, l'air offensée. Puis elle détourna la tête et alla s'allonger au milieu du canapé lit, regardant le toit du wagon.
— Tu dois avoir dix-sept ans environ, comme moi, lança-t-elle.
— On ne peut rien te cacher dis-donc, répondis-je en la regardant.
Elle me fit signe de la rejoindre, mais je ne bougeai pas. Elle inspira profondément avant de soupirer.
— Je n'avais jamais eu d'ami avant toi, dit-elle en me regardant. Est-ce normal cette sensation bizarre dans mon ventre à chaque fois que tu es là ? Qu'est-ce que cela pourrait bien être ? Est-ce que tu as la même sensation avec ton ami ?
Des papillons dans le ventre, voilà ce que c'était. J'avais la même sensation effectivement, mais pas avec Stann, seulement avec elle. Je ne savais jamais comment réagir avec elle, ayant constaté qu'elle pouvait ressentir beaucoup de chose, la peur de la vexer, de la rendre triste ou de l'énerver est omniprésente, après tout nous n'étions pas exactement pareils, je ne savais pas comment elle pouvait agir si elle ressentait trop de sentiments à la fois, mais j'avais envie de le savoir. Je vins finalement m'allonger près d'elle, regardant le toit tout comme elle. Elle se tourna de mon côté, et je fis de même.
— Quand vas-tu devoir aller au lycée ?, demanda-t-elle.
— À partir de lundi, après demain, répondis-je, contrarié à l'idée qu'il restait si peu de temps.
Elle s'avança vers moi de sorte que son front touchait mon épaule, m'envahissant d'une sensation enivrante qu'elle ressentait elle aussi, j'en étais sûr, car je la sentis sourire. Puis, elle ferma les yeux.
— Je vais dormir un peu, tu peux partir si tu le souhaite, mais j'aimerais que tu reste un peu, juste le temps que je m'endorme au moins.
— D'accord, répondis-je, ne souhaitant pas non plus partir, voulant profiter le plus possible de la sensation.
Mais peu à peu, je sentis la fatigue s'installer en moi. Et je ne saurais dire si je me suis endormis avant elle, ou si elle dormait déjà.
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