• Chapitre 3

    Je la contemplai toujours, malgré qu'elle soit en train d’ôter la vie à cet homme. La grâce de ses gestes lents attira particulièrement mon attention ; comme si elle avait fait ça toute sa vie. Puis mon regard se porta à ses mains délicates et fines, ses bras qui semblaient si fragiles, ses épaules, son cou, son visage. J'aperçus son regard. Ses yeux n'avaient pas l'aspect fatigué et faible de tout le reste de son corps, d'un bleu tel que celui d'un océan en plein été, si on y plongeait, on s'y perdait à jamais.

    Je sursaute, puis jette un œil à l'heure indiqué sur le réveil de ma table de nuit située à gauche de mon lit. 2:00. Je m'assieds, essayant de retrouver mes esprit. Cela faisait une semaine que je faisais le même rêve, que je me réveillais en sursaut au beau milieu de la nuit, sans parvenir à me rendormir malgré la fatigue qui me gagnait. Depuis que ce rêve a commencé à me tourmenter, lorsque je me réveille, j'ai toujours cette impression d'être observé. Probablement la cause de mon impossibilité à mon rendormir une fois réveillé. J'inspecte ma chambre, comme j'ai pris l'habitude de le faire ces derniers jours. Soulagé de ne rien remarquer d'anormal, je me recouche et me tourne sur le côté afin de voir le ciel par la fenêtre.

    Une ombre passa. Si rapide que j'ai crus l'avoir imaginée, mais elle était bien là. Je me lève en vitesse et me dirige vers la fenêtre, d'un pas hésitant à cause de ce que je pourrais découvrir mais tout aussi rapide par peur de louper quelque chose. Rien. J'admire un instant cette nuit d'hiver éclairée par les lumières des lampadaires, si belle et si froide. Malgré la hauteur de l'immeuble, habitant le treizième étage, je réussis à distinguer un point blanc se diriger vers le parc. Et si c'était elle ? Je décide d'aller voir, sortant de ma chambre, sans réveiller Stann qui dormait dans la chambre à côté de la mienne, puis je sors de l'appartement. Je descends l'escalier en courant, l'ascenseur étant beaucoup trop lent. J'ai couru jusqu'à l'endroit où j'avais aperçu le point blanc, et décide de rejoindre le chemin menant à l'entrée du parc. Un sentiment étrange m'oppressait, de l'angoisse. Je n'en ressentais que très rarement. Était-ce le fait que j'allais probablement la revoir, que j'apprendrais qui elle est, ce qu'elle est, tout ce que je connaissais jusqu'à maintenant allait-il s'effondrer ? Je chassais ses idées de ma tête, réalisant que j'avais peut-être rêvé, ou que ce n'était peut-être qu'un chat blanc errant. J'entre dans le parc, d'un pas hésitant. Elle ne m'avait pas semblé méchante, du moins envers moi, lorsque je l'ai vu il y a une semaine, mais si elle l'était en fait, si elle m'avait épargné juste à cause de sa trop grande soif et que maintenant il lui était égal de me tuer ou non ? Tant pis, je me défendrais. Après tout, elle tue des gens, pas comptés parmi les meilleurs, mais elle n'a pas à décider de leur sort elle-même, c'est un spectre et rien d'autre.

    Puis je me figeai.

    Assise sur un banc près du chemin que j'empruntais, elle me regardait. Est-ce qu'elle m'attendait ? Tout ce qui m'était passé par la tête jusqu'à présent s'évanouit. Elle avait l'air tellement vivante, comme la dernière fois, après avoir prit une âme. Je me demandais alors si c'était ce qu'elle avait fait avant de venir ici. Je m'aperçois soudain que je la regardais sans la voir, lorsqu'elle me fit signe de venir. J'hésitai, puis avançai, trop curieux de savoir... je ne sais quoi encore.

    Je suis désoler de te hanter chaque nuit, mais je ressens ton tourment depuis que nous nous sommes...vu, me dit-elle.

    Sa voix, plus audible maintenant que ses murmures, me fit l'effet d'une gifle. Les spectres pouvaient-ils tous parler ? Étaient-ils tous comme elle ? Ou était-elle vraiment un spectre ? Je décide de lui poser la question, maladroitement cependant.

    Qu'est-ce que tu es au juste ?

    Je crus apercevoir un air vexé dans son regard, l'avais-je blessée ? Le fait que je me pose cette question m'étonnai, les spectres ne pouvaient normalement pas ressentir d'émotions, or, elle m'avait l'air bien vivante, et capable d'éprouver des sentiments.

    C'est difficile à expliquer, lorsque l'on devient spectre, c'est parce que la tristesse et la colère l'ont emporté sur tout le reste. Cependant, il arrive parfois que la colère soit tellement forte qu'elle laisse éveillée en nous une part de notre humanité, elle nous maintien envie en quelque sorte, et nous empêche de sombrer complètement, m'expliqua-t-elle.

    J'étais fasciné qu'une telle chose soit possible. Néanmoins, je ne comprenais pas tout à fait ce que cela signifiait. Y en avait-il beaucoup qui était comme elle ? Et le Grand Gardien était-il au courant ? Je me suis soudain mis en tête que ce n'était pas par moi qu'il l'apprendrait, s'il devait l'apprendre.

    Je me suis ensuite demandé où est-ce qu'elle pouvait bien se cacher lorsqu'elle n'était pas occuper à prendre des âmes.

    Y en a-t-il d'autres comme toi ? Et où vous cachez-vous ?, lâchai-je, me rendant compte grâce à l'expression de son visage que j'avais pris un ton presque agressif.

    Son visage. Comment pouvait-elle exercer un tel effet en moi ? C'en était perturbant. Je parviens d'habitude à contrôler facilement mes émotions mais là, mon cœur ne pouvait s'empêcher de battre toujours plus vite. J'étais face à une situation sur laquelle je n'avais aucun contrôle, quelque chose de nouveau, quelque chose qui changeait tout. Je finis par remarquer que c'est en la regardant dans les yeux que me cœur se met à battre si vite. Le sent-elle ? Je ne pouvais cependant pas m'empêcher de la regarder, elle me fascinait.

    Hayden ?

    Je sursaute en entendant mon prénom franchir ses lèvres, malgré la faiblesse de sa voix lorsqu'elle l'avait dit.

    Comment connais-tu mon prénom ?

    J'ai plusieurs fois eu l'occasion de l'entendre de la bouche de Stann, je n'ai pu m'empêcher de t'observer.

    Je sursaute à nouveau, entendant le prénom de mon ami. Je me sentis soudain vulnérable, qu'est-ce qui m'avait pris de baisser ainsi ma garde ? Elle dû s'en apercevoir car j'ai fais un pas en arrière sans m'en rendre compte, se qui l'a poussée à avancer, sa main tendue vers moi. Je regardais cette dernière puis porta une main à la sienne pour la toucher, m'attendant à la traverser comme le vent.

    Je la sentais. Surpris, je serrais ses doigts, pour être sûr de ne pas rêver, oubliant presque sa présence. Je levai la tête vers elle, elle me regardait, je sentais son pouls s'accélérer sous mes doigts, puis retirai vivement ma main de la sienne, étonné par le sentiment d'angoisse que trahissaient ses traits. Une question me brûla les lèvres, je ne pu m'empêcher de la lui poser.

    Comment t'appelle-tu ?

     

    Laédia, murmura-t-elle.


  • Commentaires

    1
    Mardi 28 Juin 2016 à 16:05

    C'est une rencontre bien intéressante qui donne envie d'en connaître davantage sur les spectres. ^^ 

    Bonne après-midi. : ) 

    2
    Mardi 28 Juin 2016 à 20:25

    Tes commentaires me font plaisirs merci, bonne soirée à toi ! :)

    3
    Mercredi 29 Juin 2016 à 17:59

    De rien : )

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