• Chapitre 1

    Aller viens on part à la chasse ! me lança Stann avec l’inconditionnel enthousiasme qui l'accompagnait à chaque fois que nous faisions notre ronde du soir.

    J'avais toujours du mal à comprendre la facilité qu'il avait d'accepter que l'on tue des spectres qui avaient eux-mêmes été nos semblables. C'est vrai, ils avaient été comme nous avant de sombrer dans la folie, ce qui signifie que nous pourrions très bien subir le même sort qu'eux à tout moment. Je pensais souvent à cela ; j'étais moi-même parfois tellement horrifié et déçu par le comportement des hommes que j'avais parfois envie d'abandonner. Ce qui me différenciait des spectres, c'est que je n'avais pas sombré dans la folie, et je n'avais pas des envies de meurtres. Même eux, je détestais devoir les tuer.

    Nous avons donc suivi Madison Street puis traverser Michigan Avenue pour ensuite entrer dans le Millennium Park. Il faisait noir, tels étaient les soirs d'hivers à Chicago, même s'il n'avait pas encore neigé, mis à part les quelques averses de flocons qui ne s'accrochaient même pas au sol et finissaient en flaques boue froides, marrons et dégoûtantes sur lesquelles nous glissions tout le temps. Il ne faisait cependant pas si froid qu'on pourrait bien le croire, même si grâce à nos pouvoirs nous pouvions nous habituer facilement au changement climatique, et d'autres choses encore.

    Sérieux, tu crois que les Spectres ont vraiment perdu leur âme ?

    Telle était la question que me posait Stann depuis trois jours, sûrement à cause du fait que je ne lui donne jamais vraiment de réponse. Le Grand Gardiens nous avait pourtant toujours affirmé qu'ils n'en avaient plus, que leur souffrance était tellement grande que quelque chose s'était déclenché en eux, leur haine avait prit le dessus sur tout ce qui les constituait, et avaient sombré dans le néant. Il ne restait plus rien de ce qu'ils avaient été. J'avais cependant toujours eu du mal à y croire. Peut-on vraiment perdre son âme, et ne plus ressentir quoi que ce soit ? Pour ce qui était des sentiments, les seuls qu'ils ressentaient étaient la haine et la tristesse, la souffrance n'étant pas vraiment un sentiment. Mais le fait qu'ils puissent éprouver de la tristesse et de la haine faisait ressortir en eux une part d'humanité qui était encore belle et bien là. N'y avait-il pas un moyen pour les sauver ? Ne pouvions nous pas faire quelque chose pour qu'ils ressentent de nouveau de la joie, ou tout autre sentiment positif ?

    Resurgissant de ma pensée, je me suis aperçu que Stann attendait toujours que je lui donne une réponse, qui n'arriverait pas, du mois, pas ce soir, et il le savait.

    Un chien a aboyé, rompant le silence qui régnait depuis la question de mon ami. Puis un homme a crié, ce qui nous a immédiatement alertés.

    Ferme-la je t'ai dis ! dit l'homme en frappant probablement son chien qui venait de pimer.

    Une Infraction. Stann me regarda, attendant un instant, le temps de réfléchir à la mesure qu'il fallait prendre, puis il me fit part de son idée.

    Vas voir ce qu'il se passe, si nous y allons tous les deux, nous raterons sûrement l'arrivée probable de spectres.

    D'accord, fais-toi discret, si les spectres nous remarquent, on ne sait pas comment ils peuvent réagir, lui dis-je en m'éloignant vers le son de la voix de l'homme qui criait et frappait toujours son chien.

    J'étais arrivé à une dizaine de mètres du point d'Infraction quand les cris se turent. Ralentissant et me cachant pour mieux observer la scène, je vis l'un de ces fameux spectres avancer lentement vers l'homme qui paraissait horrifié, ce qui était probablement le cas. Je commençai à me lever quand le spectre tournant précipitamment la tête vers moi.

    Une fille. C'était une fille. Elle me regardait de ses yeux d'un bleu tellement pétillant de vie, et à la fois si vide. Ses cheveux blonds, malgré la présence d'un léger vent, ne bougeaient pas, comme s'il passait à travers elle. C'est à ce moment que je me suis aperçu qu'elle était presque translucide, voyant la lumière d'un lampadaire derrière elle percer son corps. Sa robe blanche, qui laissait apparaître ses épaules et ses jambes à partir de ses genoux, l'était quasiment moins que sa peau, d'une pâleur à glacer le sang, comme son regard qui, venant de m'en rendre compte, m'avait paralysé. Je crus voir ses lèvres bouger malgré la distance, comme si elle s'adressait à moi. Je n'entendis cependant rien. Jusqu'à ce qu'un chuchotement résonne près de moi.

    Surtout ne fais rien, laisse moi agir, il ne mérite pas de vivre, entendis-je.

    Je compris qu'il s'agissait de sa voix, de ce qu'elle avait dit quand j'ai pensé voir sa bouche s'animer, comme si ses paroles avaient été portées par le vent jusqu'à moi. Tout ce que je savais sur les spectres venait d'être remis en question. On nous avait dit lors de notre formation en tant que gardien qu'ils ne pouvait plus parler, que leur regard ne fixait que du vide, comme s'ils ne pouvaient plus nous voir même si c'était encore le cas car nous même ne devions pas les regarder, au risque de sombrer dans le néant, submergé par ce qui se lisait dans leur yeux.

    Or, je venais de la regarder et j'étais encore moi-même, malgré le malaise qui c'était installé en moi après avoir entendu le son de sa voix, à cette fille, un spectre. Je ne saurai dire pour quelle raison je l'ai écouté, restant finalement à ma place, observant la suite.

    L'homme, toujours effrayé, lâcha la laisse de son chien, un labrador couleur sable, et s’apprêta à fuir lorsque la fille récemment apparue lui barra la route, se tenant juste devant lui avec une telle haine qu'elle se voyait sur les traits de son visage. L'homme ne broncha pas. D'une main tendue vers lui, et sans même le toucher, elle réussit à lui infliger une telle douleur que l'homme, tordu en deux, tomba au sol. Elle tendu sa deuxième main vers lui, et là, ce que je n'aurais jamais crus voir un jour se déroula sous mes yeux. Une sorte d'ombre sorti du corps de l'homme, toujours à terre mais maintenant immobile, elle lui prenait son âme ! Une fois sortie de son corps, l'âme de l'homme qui était maintenant mort entra dans le corps de celle qui lui avait enlevé. Il se produisit alors quelque chose d'étrange ; le corps de la fille auparavant translucide reprenait de la matière, sa peau prenait une teinte plus rose, et ses cheveux devinrent blonds or, elle reprenait vie.

    Une fois que ce phénomène extraordinaire eu prit fin, elle se tourna de nouveau vers moi, et me chuchota à nouveau quelque chose, dont le vent allait probablement me faire part.

    Merci, souffla-t-elle.

    Puis elle disparue.


  • Commentaires

    1
    Mél
    Lundi 13 Juin 2016 à 20:23
    Je vais la lire coco
      • Lundi 13 Juin 2016 à 20:43

        Ah cool, en plus tu as tout toi, enfin presque wink2

    2
    Mel
    Lundi 13 Juin 2016 à 22:03
    Oui c'est sûr je m'y met dès demain ❤️
      • Lundi 13 Juin 2016 à 22:05

        Aha d'accord tu me diras ce que tu en pense, j'ai mis la suite du chapitre 10, je ne l'avais pas terminé quand je te l'ai envoyé ^^

    3
    Mel
    Lundi 13 Juin 2016 à 22:17
    Dac
    4
    Mel
    Lundi 13 Juin 2016 à 22:46
    5
    Mardi 28 Juin 2016 à 15:54

    Bonjour, 

    J'ai bien apprécié ce premier chapitre. Il nous plonge dans une action intrigante, avec cette jeune fille spectre qui semble reprendre vie et qui disparaît subitement. ^^ 

    Bonne continuation. : ) 

    6
    Mardi 28 Juin 2016 à 20:24

    Bonsoir, contente que cela te plaise ! Merci beaucoup ;)

    7
    Mercredi 29 Juin 2016 à 17:59

    De rien : )

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :